La journée semblait avoir été énormément longue. Trop longue pour absolument rien. Les cours s’étaient déroulés de la même manière que d’habitude. Le professeur McGonagall avait été découragée des notes de notre dernier devoir –faut croire qu’elle avait remarqué que nous avions copié sur Hermione–. Elle s’est offert une joie de nous glisser que ses cours étaient très important, aussi important que les cours de Défense contre les forces du mal. Faut dire que, mis à part s’il fallait transformer des Horcruxes en crapaud, je n’étais pas d’accord avec elle. Puis, après fut le cours de Severus Rogue. Lui non plus ne s'est pas gêné pour dire ce qu’il ressentait envers nous, lamentable Gryffons et surtout envers moi –c'est à croire qu'il n’a aucun autre sujet de conversation que de descendre mon père–. La journée se terminait donc avec une colère accumulée que j’essayais tant bien que mal de cacher aux yeux des autres. Provoquer Rogue aurait été une grosse erreur de toute façon. Cela aboutirait à la perte de points pour ma maison et j’avais assez provoqué une chute il y a déjà deux ans avec Ombrage pour me permettre de subir cela au Gryffondor. En songeant à elle, mes doigts caressèrent les marques blanchâtres sur ma main inscrit « Je ne dois pas dire de mensonges » comme un geste automatique que j’avais pris l’habitude de faire. On pouvait encore les voir si facilement, cela me mit encore plus de mauvaise humeur. Pour dissimuler mon geste à Ron, je replaçais la manche de ma robe de sorcier. Il ne vit rien d’autre. Ron n’était pas du genre à être très observateur, ce poste était déjà occupé par Hermione. Heureusement, elle était partie pour son autre cours que nous possédions par Ron et moi; Arithmancie. Ce qui nous restait, à Ron et moi, le reste de la journée libre.

Je la passais en suivant mon meilleur ami un peu partout. Accompagner de Neville, Seamus et Dean (mon ventre fit un quart de tour sous la jalousie), nous marchions dans les couloirs. Pour la relation qu’il entreprenait avec Ginny, je le jalousais. J’avais eu bien beau me faire des discours dans ma tête, me convaincre que j’éprouvais que de la fraternité envers elle, il m’était impossible de cesser de songer à elle. C’était quelque chose que je ne dirais jamais à Ron. Même si nos relations sont un peu… tendues, je ne veux pas le perdre en tant que meilleur ami. Durant les conversations, je ne fis qu’hocher la tête approuvant tout ce que Ron pouvait dire, même si je n’avais aucune idée du sujet dont il parlait vraiment. Je savais bien qu’ils ne pouvaient pas parler d’Horcruxes de toute façon. Ni de Voldemort. Peut-être des mangemorts qui rôderaient tout près de nous. Depuis plus d'une semaine, la pluie tombait sans discontinu sur l'enceinte de Poudlard. Un dicton moldu dit que souvent, le temps extérieur influe sur le moral des gens. Bizarrement, c'est aussi applicable ici. Enfin, surtout lorsque l'on sait ce qui se cache derrière toutes ces intempéries. Le mauvais temps n'est pas là par hasard, et c'est avec sarcasme que tous les matins ou presque, mon regard scrute le ciel encombré, à la recherche de la marque. Elle ne devrait pas tarder à planer au dessus du château. Défaitiste ? Non. Depuis une semaine, il n'y a pas que le climat qui me laisse pressentir que quelque chose se trame. Depuis une semaine, ma cicatrice me picote affreusement, et cette fois, c'est beaucoup plus régulier que la normale. Evidemment je ne le garde que pour moi, et j'évite comme je peux de la gratter lorsque je me trouve en présence de Ron, et surtout d'Hermione. En effet, je me passerai bien de phrases comme "C'est encore ta cicatrice ?" ou bien encore "Il faut que tu apprennes à fermer ton esprit". J'aimerai bien les voir dans ma situation, tous, et ils verront si c'est si facile à vivre qu'ils le pensent, de s'appeler Harry Potter.

Et puis, si je ne veux pas en parler ? Si justement, j'en ai assez d'entendre sans arrêt les mêmes phrases, destinées à me rassurer, alors qu'elles proviennent de personnes tout aussi effrayées que moi, sinon plus ? Mais moi bien sûr, je n'ai pas le droit de montrer mes faiblesses. Et quand bien même, je ne veux plus de Sirius, ou de Dumbledore. Pour bien faire, je souhaiterais que plus personne ne s'intéresse de près ou de loin à mon état. Même sans le vouloir, je fais du mal à tous ceux qui m'entourent…Les deux seules personnes qui faisaient office de figure paternelle, m'ont laissé. Et qu'il arrive quelque chose à Ron, Hermione ou Ginny, c'est la dernière chose que je souhaite. C'est entre lui et moi depuis le début....Pourquoi est-ce que ça changerait ? J'ai causé assez de dégâts autour de moi comme ça. C'est à se demander si le fait que tout aurait pu se finir lors du Tournoi n'aurait pas été préférable. A quoi ressemblerait le monde en ce moment ? Une agaçante voix dans ma tête me dit bien qu'ils s'en sortiraient parfaitement sans moi. Le Mage noir qui s'infiltre une nouvelle fois dans mon esprit ? C'est fortement possible. Mais j'ai déjà de nombreuses fois eu la preuve que tenter de lutter contre ne me servait à rien. Poussant un grognement de mécontentement, je suis Ron jusqu'à la grande salle, Hermione nous rejoignant ensuite pour partager le repas.

La soirée était arrivée péniblement, mais sûrement. Installé non loin de la cheminée et au pied du canapé où se trouvait Ron et Hermione, je lisais la Gazette du Sorcier sans vraiment m'occuper de ce qui y était écrit. Après tous les mensonges dont je sais qu'ils sont capables, pourquoi je le ferai ? Ce soir-là, ma cicatrice me piquait plus qu'à l'ordinaire, elle me brûlait. Et à chaque nouvelle grimace, je devais trouver un quelconque argument pour passer outre toutes les questions dont m'assaillaient mes deux meilleurs amis. Déciderait-il de passer à l'attaque, ce soir ? Mais où ? Godric's Hollow ? Pré-au-Lard ? Poudlard…? Pas plus tôt cette idée m'effleurant l'esprit, un bruit lointain et sourd résonna dans tout le château, faisant sursauter l'assistance de la Salle Commune. Un éboulement ? Jetant devant moi le journal, je me mis rapidement sur mes pieds.

- Vous avez entendu ça ? Qu'est-ce que c'était ?

J'attrape ma baguette, la tenant fermement. Je fais quelques pas puis reste immobile quelques secondes, attendant que quelque chose d'autre se passe. Ce n'est peut être que Peeves qui joue à lancer des Bombabouses sur quiconque croiserait son chemin…Mais bientôt, une nouvelle détonation m'informait que ce ne pouvait être quelque chose du genre. Essayant de penser à autre chose qu'aux protestations derrière moi et à la boule qui menaçait de bloquer ma gorge, je m'avançai d'une démarche lente vers le portrait de la Grosse Dame, qui ne tarda pas à pivoter. Piquée et effrayée plus que la normale depuis la troisième année, je ressentis un élan d'agacement en la voyant s'agiter dans tous les sens.

Grosse Dame - Ô mes aïeux! Cette fois c'est la fin, je le sens bien!

Toujours aussi silencieux, je lui intimais dans un geste brusque de se taire. Tendant la baguette vers moi, je jettais un coup d'œil aux alentours, avant de commencer à descendre prudemment les escaliers.

« - Mais puisque je te dis que Mme Guipure a sorti sa nouvelle collection. Les meilleures robes qui soient ! Même les autres pays n’ont pas encore cette avance. C’est maintenant ou jamais qu’il faut en profiter. »

C’est le même genre de discours auquel j’avais droit depuis plus d’une bonne demi-heure maintenant, assise à la droite de Parvati et de Romilda en cours d’Arithmancie. Elles avaient ensorcelé une brochure du magasin de prêt-à-porter sorcier, qui se transformait instantanément en parchemin lorsque le professeur se rapprochait d’un peu trop près à leur goût. La fine écriture aurait pu faire penser à des notes de cours, mais lorsqu’on y regardait de plus près, on s’apercevait que ce n’était que de petites ratures dénuées de sens. Alors, c’était ça ? Tous autant que nous étions, nous étions tous en danger, et tout ce qui les intéressait, c’était de…Parler de robes et de petites chaussures ? Ca pouvait être leur manière de se changer les idées, mais ça n’excusait pas tout. Je ne prétends pas que tout le monde devrait se mettre à paniquer et à crier au meurtre dans les couloirs de l’école sans que rien de concret ne se passe, seulement leur comportement est un peu…Inadapté à la situation. Je ne sais pas si elles réalisent qu’un mangemort pourrait à tout moment venir exploser une fenêtre de la salle de cours, et semer la pagaille. Je leur jette un regard réprobateur, auquel elles répondent par des sourires niais. Bien, après tout ça reste leur problème.

Décidant de ne plus leur accorder d’attention, je plisse les yeux pour me concentrer sur les dires du professeur, même si plus ou moins malgré moi, je n’arrive pas à cesser de penser à la Guerre. Si on gagne, est-ce qu’il y en aura une troisième ? Non, pas si on réussit à trouver tous les Horcruxes et à les détruire à temps. C’est quand même plus facile à dire qu’à faire, par où est-ce que l’on est censé commencer ? Puis ce n’est pas comme si on pouvait procéder sans aucun danger. Harry majeur, je suppose qu’on aura toutes sortes de personnes, en plus des mangemorts, à nos trousses. Je griffonne nerveusement les devoirs à faire puis range ma plume et roule mon parchemin dans mon sac avant de me lever. Mais alors que je me dirige vers la sortie de la salle, je sens une main agripper mon poignet. Faisant face à mon interlocuteur, je tombe nez à nez avec Romilda qui prit la parole bien avant que je lui demande ce qu’elle me voulait encore.

« - On a assez appris grâce à l’Armée de Dumbledore pour savoir comment se défendre. Tu es Granger, la miss-je-sais-tout qui ne peut pas s’empêcher de rappeler sans cesse les autres à l’ordre. Mais nous ne sommes pas comme toi. Tu es à Gryffondor, alors montre-toi digne de ta maison en préservant le peu de courage qui semble te rester. Oh ! Et une dernière chose. Cette bataille, c’est la vraie vie. Ce n’est pas en récitant ton manuel de sortilèges que tu peux espérer t’en sortir. »

Je fronce les sourcils au fur et à mesure de son intervention, mais je ne suis pas blessée pour autant. Je suis habituée à tout ceci depuis tellement longtemps, qu’à la longue ça ne sonne que comme un ‘Bonjour’ banal à mes oreilles. Elle ne connaît pas ses priorités ; tant pis, tant mieux ? Mais elle ne devrait pas se montrer aussi hautaine et sûre d’elle. Le fait que ses parents travaillent au ministère n’est pas une sécurité, loin de là. Je me contente d’hausser les épaules et je regarde ailleurs, la faisant relâcher sa main autour de mon poignet. J’espère me tirer sans mot dire de cet entretien improvisé mais bientôt, Parvati vient à son tour, fière.

« - Et en plus, j’ai consulté les tasses de thé ce matin, et elles ne m’ont rien prédit de grave pour les semaines à venir.
- Magnifique, si les tasses de thé le disent… ! »

Commentais-je sarcastiquement. Depuis quand l’astrologie avait sa place dans cette guerre ? Si on s’en tient à cette…Pratique folklorique de la magie pour espérer accomplir quoi que ce soit contre le clan du mal, autant jeter l’éponge tout de suite. Acide, je me mets à marcher d’un pas rapide jusqu’à ma salle d’Etude de Runes, là où je n’entendrais plus leurs commentaires ou leurs gloussements stupides. Cette petite altercation n’avait vraiment rien arrangé à ma morosité, et c’était peut être mieux pour tout le monde que je me retrouve seule à ce cours là.
Ce n’est qu’une fois l’estomac plein, le soir arrivé, que ma mauvaise humeur se dissipait peu à peu. Evidemment je ne sautillai pas dans les couloirs, mais je ne sautais à la gorge de personne lorsque l’on m’adressai la parole. Levant les yeux vers la Table des Serpentards, y entendant un mouvement d’agitation, je fronce un peu les sourcils en les sentant différents de tous les autres soirs. Certains ont l’air stressés, d’autres préoccupés…Ou même encore joyeux. Est-ce que ça vient de moi ? Peut être que toutes les pensées que je ressasse chaque jour finissent par influer ma vision. Quelques minutes après, installée sur le fauteuil de la Grande Salle, je regarde plusieurs fois tour à tour Ron et Harry. C’est silencieux…Trop silencieux. Décroisant mes jambes pour reposer mes pieds sur le sol, Pattenrond, délogé de son logis, ne tarda pas à se réfugier dans un coin de la salle. A plusieurs reprises, j’ouvre plusieurs fois la bouche pour parler, mais je finis toujours par mimer un bâillement, craignant de ne rendre que plus lourde l’atmosphère avec des mots à employer ou non.
Sursautant comme plus de la moitié des Gryffons lorsqu’un bruit sourd se fit entendre, je regarde frénétiquement autour de moi, cherchant d’où il pouvait bien prévenir, mais Harry s’est déjà levé, baguette en main. J’avale avec peine ma salive et me tourne vers lui, le regardant par-dessus le canapé.

« - Harry, je ne pense pas que ce soit très pru... »

Mais le portrait venait déjà de reprendre sa place initiale avant que j’ai eu le temps de terminer ma phrase. Je lâche un soupir puis jetant un regard à Ron, je sors ma baguette et me lève à mon tour. Et si c’était ce soir ? Non, il est inutile de s’inquiéter tant que l’on est encore sûr de rien. Contournant le canapé aux couleurs de notre maison, je me dirige vers un groupe de première année qui commençait à s’agiter, paniqués. J’essaie de les calmer comme je peux, mais une deuxième détonation, qui fit encore plus d’effet sur les élèves que la première, amena une moue sceptique sur mon visage.

J'avais du mal à croire que Vous-Savez-Qui soit vraiment en train de traquer mon meilleur ami rien que pour le plaisir de le tuer et de faire en sorte que le côté "du bien" comme on dit tombe sous sa puissance. Oui, bon, bref, ça me ressemble pas trop de dire ça, mais on s'en fiche totalement. C'est vrai, la routine s'installait au fil des jours. Rogue prenait toujours un malin plaisir à nous donner des devoirs tous aussi impossibles et interminables les uns que les autres et à nous enlever des points, McGonagall semblait être ravie de nous distribuer des mauvaises notes à chaque fois que l'on copiait sur Hermione et il arrivait souvent qu'il y ait une belle explosion en plein cours de potion. En somme, rien de bien particulier si vous voulez mon avis. Alors, savoir qu'un véritable psychopathe était dehors et ne demandait qu'à rentrer pour zigouiller tout ce qui bouge et qui ne bouge pas semblait complètement contradictoire avec ce qui se passait chaque jour. En gros, rien du tout. Par contre, on pouvait sentir l'atmosphère due à la guerre à l'intérieur. Bon, il y en avait toujours qui trouvait le moyen de papoter comme je ne sais quoi sur le dernier truc qui c'était passé dans le coin, mais bon... C'était surtout entre Harry, Hermione et moi qu'on pouvait le sentir. Je ne parlais pas tellement à Hermione, limite on s'ignore totalement et Harry changeait beaucoup en ce moment. Je sais pas... En tous cas, il m'inquiète un peu. J'entends souvent Hermione s'inquiéter au sujet de sa cicatrice ("C'est encore ta cicatrice ?"), alors que moi, je ne m'en rendais même pas compte qu'il avait mal ces derniers temps. J'avais honte pour mon attitude vis-à-vis de mes deux meilleurs amis. Entre le célèbre Harry Potter et l'intelligente Hermione Granger... J'étais pas grand-chose, voire rien, à côté. Le pire est que le fait que la cicatrice d'Harry lui fasse encore mal voulait dire que Vous-Savez-Qui n'était pas loin. Ca m'inquiétais. Je n'avais pas trop de contact avec ma famille, avec le ministère, alors qui sait comment ils allaient. Ce qui me restait de mieux à faire, c'était de protéger Ginny. Du moins, si je pouvais, et c'est pas comme si je pouvais faire quelque chose.

Aujourd'hui semblait être une journée comme les autres. On avait notre après-midi de libre, aussi j'en profitais pour... non, pas pour faire le dernier devoir de métamorphose. Je verrais ça demain avec Harry, comme d'habitude. On passa justement l'après-midi avec les autres Gryffondors. Au moins, être avec eux me cachait un peu de Lavande qui était une véritable furie depuis que j'avais passé la soirée avec Hermione dans la salle commune. Urgh. Un jour, elle m'étouffera vraiment. Affalé dans le canapé rouge de la salle commune - on se battait souvent pour le fauteuil près du feu, mais il n'était pas pour moi ce soir-là -, à côté d'Hermione, je lisais par-dessus l'épaule d'Harry la Gazette du Sorcier, mangeant un bout du gâteau dont j'avais été prendre les restes dans les cuisines après le dîner. Oui, j'avais encore faim... Mais je ne vous demande pas votre avis ! J'avais déjà assez du regard de reproche d'Hermione qui trouvait que je me goinfrais beaucoup trop selon elle. Mais quoi, j'ai faim, je mange, c'est normal ? Et puis c'était pas comme si j'étais gros. Maman me disait d'ailleurs que j'étais trop maigre pour mon âge. Mais moi qu'Harry qui était presque cadavérique, toujours selon ce qui disait maman. Elle nous couvait beaucoup trop parfois, même Harry qui ne faisait pas partie de la famille. Enfin, c'était tout comme donc ça ne changeait pas grand-chose. Enfin, je pensais sérieusement à aller me coucher après avoir baillé à m'en décrocher la mâchoire, quand je sursautais suite à un grondement digne du chien à trois têtes qu'on avait vu en première année. Sauf que c'était beaucoup plus fort et que les murs du château en tremblaient. Sur le coup, Harry s'était déjà levé, et heureusement. Sinon, je serais déjà en trin de l'écraser. Quoi, ça vous arrive jamais de tomber d'un canapé après avoir sursauté ? Ben moi, si. Comme maintenant.

Autour de nous, les Gryffondors s'affolaient. J'avoue que je n'étais pas totalement tranquille non plus. Enfin, j'étais plus occupé par le fait que j'avais assez mal au dos en étant tombé. Je me redressais, essayant de faire comme si de rien n'était et le portait de la Grosse Dame venait déjà de se refermer. Je poussais un juron en me disant qu'il n'y avait qu'Harry pour partir comme ça. Non, Hermione, ne me regarde pas comme ça, je n'y suis pour rien de ce qu'il fait, moi ! ... mais pourquoi elle s'en va elle aussi ? Sentant bien que je n'avais pas tellement le choix, je tirais difficilement ma baguette de la poche de mon jean - fraîchement redonné par le professeur McGonagall après que Malefoy l'ai prise dans les cachots. Je ne vous cache pas que j'avais eu le droit à des réprimandes. Etonnament, pas de retenue - je les suivis dans le couloir. On voyait les Serdaigles quelques étages plus bas qui sortaient également de leur salle commune. Après avoir très aimablement dit à la Grosse Dame de se taire, je rejoins Harry et Hermione qui n'étaient pas très loin.

« C'était quoi ce bruit ? On devrait pas aller vers la Grande Salle, non ? »

Quelque part, je me disais que c'était forcément ce soir. Je me retournais, presque affolé, et vit Ginny juste derrière moi. Soulagement, pour le moment, elle allait bien.

« Ginny, je sais pas ce que c'est tout ça, mais promets-moi de faire attention. »

Quoi, moi, trop protecteur ? Occupez-vous de vos affaires, non mais...

C’était calme. Beaucoup trop calme! Et je ne parle pas de cette soirée en particulier, mais plutôt de l’ambiance de Poudlard ces dernières semaines. Tout le monde se tient sur ses gardes et pourtant, si l’on met à part les nuages bien trop épais qui occupent les murailles du château, rien ne se passe pour le moment. Qu’est-ce que c’est censé signifier ? Voldemort n’est pas quelqu’un qui aime attendre, loin de là. Et même si son sadisme s’est aiguisé au fil des années, je ne pense pas qu’il va continuer cette petite stratégie bien longtemps. L’AD a subi une première défaite, il n’a aucune raison de s’arrêter en si bon chemin, malheureusement. Je sais que je suis en première ligne pour avoir trahi mon camp aussi brusquement que je l’ai fais. Mais ce n’est pas comme si je le regrettais. Je suis fier de mon choix, et plus encore de Bill qui a réussi à surpasser sa timidité et sa crainte des Serpentards. Quitte à protéger quelqu’un, ça sera sa sûreté bien avant la mienne. C’est entre moi et eux depuis le début, alors je ne vois pas pourquoi il aurait à subir les conséquences de ce que j’ai fais. Après tout, c’est leur problème s’ils n’acceptent pas de voir la vérité en face, et de continuer à se battre pour leur «maître», comme des vulgaires pantins de foire. Je ne dis pas que ça sera facile, mais pourtant je reste certain que les vainqueurs de cette future guerre, ce sera nous. Le Bien a réussi une première fois, pourquoi pas une seconde ? J’espère quand même qu’il y aura moins de victimes que précédemment, même si ça semble idéaliste. Ou qu’elle se finisse très vite ? Mouarf non, c’est pire, et ça ne pourrait s’annoncer que plus sanglant encore.

Heureusement qu’aujourd’hui, je n’avais pas beaucoup d’heures de cours : trois heures le matin, contre seulement deux l’après-midi. Une chance pour ne pas m’embrouiller l’esprit avec des préoccupations tout à fait secondaires. Quoi qu’au fond, j’aurai eu presque besoin d’un peu plus de temps pour pouvoir les observer plus à mon aise. Car même si ça faisait des semaines que je scrutais leur comportement, en vue d’un signe quelconque, aujourd’hui ne me semblait pas pareil aux autres jours. Silencieux, ils se jetaient des coups d’œil frénétiques, fixaient l’extérieur du regard de quelqu’un qui attend quelque chose, alors que d’autres riaient à gorge déployée. Autant de symptômes contradictoires qui me faisaient croire et penser que si le danger n’était peut être pas pour aujourd’hui, il était plus proche que jamais. C’est ainsi que j’ai pris davantage le soin qu’ordinaire de ne pas croiser la route de mes chers camarades de maison. Pourtant ce n’est pas les chuchotements et les ricanements qui ont manqué de se faire entendre sur mon passage. Ca aussi d’ailleurs, c’était un signe qui présageait que rien n’était différent aujourd’hui. Mais à vivre comme un espion chez les serpents, on remarque bien vite les choses.

Je n’avais pu voir Bill qu’à l’heure du repas et en fin d’après-midi aujourd’hui, ce qui évidemment me déplaisait fortement. En temps normal j’aurai bien dit «Vivement les vacances», mais ça ne semblerait pas vraiment approprié. Le soir venu, je préfère rester dans les dortoirs des serpents, seul, que de me fondre dans la masse des verts et or dans la salle commune. Entendant une détonation, j’imagine dans un premier temps que c’est encore l’une de leur blague, dont je vais être une fois de plus le souffre-douleur. Mais à bien y réfléchir, ça ne m’aurait pas semblé si lointain et puissant à la fois. Un éboulement ? Je peine à avaler ma salive suite à toutes les hypothèses qui se succèdent maintenant les unes aux autres dans ma tête, puis je me lève d’un pas décidé. Coûte que coûte, il faut que je trouve Bill. Même si ce n’est qu’une farce des fantômes, autant agir et passer pour le ridicule de service, mieux vaut prévenir que guérir. Merlin, fais que ce ne soit pas pour ce soir…Descendant rapidement l’escalier en colimaçon, je me dirige vers le portrait et ne prend aucune en compte les chuchotements des autres ou même leurs regards noirs. Peut être aurais-je du ? Peut importe, ce qui m’intéresse le plus maintenant, c’est de retrouver Bill.

Je me dépêche de quitter les couloirs mais je me fige bien rapidement en observant de loin des silhouettes encapuchonnées, baguettes à la main. Je ne suis pas si loin de l’escalier que ça…Je me jette un sort de désillusion et, une fois que mon corps ait pris l’apparence de ce qui m’entourait, je monte les escaliers pour me diriger vers la salle commune des Serdaigles. Ce sort n’est peut être pas des plus agréables –c’est la même sensation que si l’on vous cassait un œuf sur la tête–, mais on ne peut pas réfuter le fait qu’il est bien pratique. Je grimace en voyant un groupe se diriger à toute allure vers ma direction et je me pousse de leur chemin, plus par réflexe qu’autre chose. J’entre dans la salle commune des Serdaigles mais je ne le trouve pas ; je profite de mon état pour aller dans les dortoirs des garçons, mais toujours aucune trace de lui. Bon….Ne panique pas Tom. Il peut être avec Hermione. Oui voilà, il doit être avec elle ! Je déglutis difficilement puis je reprends le chemin inverse tout en montant rapidement jusqu’au septième étage. En tant normal j’aurais soufflé comme un bœuf arrivé une fois en haut, mais mon état est de loin ma dernière préoccupation en ce moment-même.

Je vois le trio de dos, baguettes sorties, mais toujours pas de Bill en vue. Panique ? Un peu beaucoup. Je soupire avant de me diriger vers eux. Même si je suis toujours sous ma forme «invisible» j’espère ne pas les affoler tout à coup, et que les mangemorts filent directement à nous. Je viens entre eux avant de chuchoter un : << - C’est moi. >> Je grimace en les voyant sursauter tous trois, mais heureusement qu’aucun d’eux n’a poussé un cri. << - Ils sont tous en bas. Les mangemorts. >> J’espère que Bill aura eu la bonne idée de se cacher quelque part avec d’autres élèves, une bonne cachette comme la salle sur demande peut être, et qu’il n’ait malheureusement pas eu le temps de me prévenir, compte tenu que l’on a pas passé beaucoup de temps ensemble aujourd’hui. Oui voilà, ça doit être ça. Bill n’est pas idiot, il ne peut être qu’en sécurité. Par Merlin, faites qu’il le soit.

Je ne me souciais pas du calme, c’était calme oui et ça me faisait du bien. J’étais moins stressé, plus calme et je n’avais plus l’idée de guerre en tête. Je pensais à mes études maintenant, à ce que je ferais plus tard, et à ma vie que j’aurais avec Tomas. Je fais place à mes rêves maintenant, je suis …j’ai la tête ailleurs, c’est tellement mieux. Les mangemorts ont décidé finalement de se reposer un peu ? Mais voyons …le Lord ne se repose jamais. Je relève mes yeux vers la porte qui mène vers la cour de l’entrée, il pleut, il fait frais et les élèves courent, surtout ceux qui veulent se mettre à l’abri où qui doivent se rendre dans une autre partie du château, les premières années qui sont perdu. Je ne bouge pas, j’observe les agissements des élèves, je n’ai pas cours cette après-midi, et à part m’ennuyer à réviser et à rester dans la salle commune, je ne sais quoi faire. Je n’ai pas envie d’étudier, j’ai vraiment envie de rejoindre Tomas, sauf que lui contrairement à moi il a cours …il aurait du être à Serdaigle, on n’aurait pas eu ce problème là mais il faut croire que même le choixpeau n’est pas parfait. Je regagne la salle commune histoire de me réchauffer un peu devant la cheminée, étant très frileux. J’attrape l’écharpe de Serdaigle que j’enroule autour de mon cou, attrapant un de mes gilets puis je me mets près au pied de la table basse en face du feu de cheminée reniflant un peu. Je me frotte les bras comme pour me réchauffer, j’espère ne pas tomber malade, parce que vu comment me regarde mes camarades de maison, je dois être cinglé. Je leur lance un regard interrogateur, et un peu triste à la fois. Je me replonge dans mes pensées, lâchant un petit soupire, cette guerre nous suivra jusqu’au bout.

Tomas me manque, même si on s’est vu à midi, et en fin d’après-midi pour moi ce n’est pas assez oui, j’ai besoin d’être dans ses bras plus longtemps pour me sentir en sécurité, j’ai besoin de le sentir près de moi je suis tellement amoureux de lui, je ne pourrais me passer de lui et je suis bien content de ce que j’ai accompli et de ce que je suis devenu. Je regagne ma salle commune allant directement dans le dortoir des garçons, recevant des phrases blessantes à la tête du genre « Le dortoir des filles, ce n’est pas ici » mais s’ils savaient qu’à force, ils ne me font plus rien ? J’ai appris à vivre comme ça, à encaisser ce genre de remarque et je le vis bien, je vais très bien et je ne me renferme pas, je ne le ferais plus pour rien au monde. Je m’enroule dans une couverture, m’allongeant sur mon lit avant de fermer mes yeux, m’endormir très tôt ne me dérange pas, et en plus je n’ai pas vraiment le moral, Tomas n’est pas là avec moi et je doute que ce soir il puisse venir me voir. Je sursaute en entendant un bruit, étrange à mes oreilles. Je suis sûr que ce sont encore des élèves qui s’amusent à faire des farces. J’entends du bruit aussi dans la salle commune, tout le monde à l’air de s’agiter. Je me lève enlevant la couverture avant de descendre, regardant ce qui se passe, essayant de savoir ce qui leur prend. Je les regarde tous s’agiter, certains quitter la salle commune et le préfet n’arrivant pas à les calmer. Je grimace un peu avant de sortir rapidement, me faufilant entre toute cette foule faisant en sorte de ne pas me faire repérer. J’ai qu’une idée en tête, c’est de retrouver Tom, j’ai peur sans lui, je me sens déjà pas à la hauteur pour combattre. Je regarde autour de moi, paniqué, ma baguette en main regardant dans tous les recoins. Si je veux retrouver Tomas tout en restant entier …mieux vaut pour moi rester sur mes gardes. Je me retourne brusquement apercevant Astoria. Je pose ma main sur ma bouche, lançant un cri de frayeur yeux grand ouvert avant de paniquer, à ce qu’elle me dit. « Q…quoi ? Tom ? O…Où sont-ils ? Astoria …Est-ce qu’ils lui ont fait du mal ? Dis moi je t’en prie … »

J’avais presque les larmes aux yeux, le fait de savoir Tom à porter de mains des mangemorts me déplait. J’ai peur qu’il resombre même si il me dit à chaque fois qu’il ne reviendrait pas dans le camp du mal, j’ai toujours peur il ne suffit qu’une fois, il soit tenter ou qu’on le menace, je sais de quoi il est capable … Je la suis du regard, gardant ma baguette en main, resserrant un peu plus mes doigts autour de je la suis, le cœur battant. Je me demande ce qui va se passer, après ça, je me demande dans quel état je vais le retrouver, je me poste plein de questions, j’ai tellement peur, pourvu qu’il ne lui arrive rien …

Et voilà, le moment tant attendu ; ce soir, la prise programmée de Poudlard. Qu’on le désire ou non, nous ne pouvons reculer. Je ne fais pas partie des mangemorts à part entière et pourtant, moi aussi j’occuperai un poste à l’école de sorcellerie ce soir. Est-ce qu’on réussira à capturer Potter? Je ne veux pas être défaitiste, alors je ne préfère pas me prononcer pour le moment. Si j’ai bien tout compris, il est lié au maître, n’est-ce pas ? Il peut donc très bien se douter que quelque chose va se passer dans peu de temps. Ca ne nous offre pas la tâche facile, mais il ne faut pas se résoudre à placer le mot «impossible» sur tout. Il faut d’abord essayer de voir si on ne peut pas le séparer de ses petits amis…Il est comme tout le monde, seul, il peut se montrer plus vulnérable face à nous. Et puis, tout ce charabia, sur l’amour et l’amitié…C’est un petit peu plus que tiré par les cheveux. Il aurait fallu être aussi fou que Dumbledore pour daigner y croire. De toute évidence, la vieille magie ne peut le faire s’échapper à tout bout de champ de sa destinée. Si sa moldue de mère l’avait compris dès le début, ça nous aurait peut être évité de prendre la peine de s’acharner autant sur lui, ou sur ceux qui l’entourent. Comment serait le monde magique, si bébé Potter n’avait pas survécu ? Serait-on plongé dans les Ténèbres ? Des Mangemorts en tant que professeurs à Poudlard ou pire, l’école rasée ? Certains auraient bien pu tenter de faire barrage, mais Potter, ce Potter de malheur reste le seul capable de mettre un terme à notre avancée ; il est le plus courageux, le plus concerné, comment dit-on déjà, «l’Elu»?! On dit qu’il est leur dernier espoir..Des adultes qui mettent tout le poids de leur conviction sur les épaules d’un jeune homme de dix huit ans, décidément, on aura tout vu…Qu’on ne s’étonne pas s’il devienne complètement attardé. De toute manière, ils sont tous plus pathétiques les uns que les autres. Ils ont l’impression d’être gentils, d’être dans le bon camp ? Mais les gentils finissent toujours par se faire piétiner sans ménager, un moment ou l’autre, c’est bien connu.

Evidemment que Potter n’est pas la seule menace, mais les membres de l’Ordre ne sont qu’une formalité, si on n’y réfléchit bien, il y davantage eu perte dans leur camp que dans le notre, la dernière fois. Alors pourquoi ne pas tenter une embuscade ? Je sais, d’après Drago, qu’un plan a été mis en place pour capturer un petit Serdaigle, le petit-ami du traitre Kaulitz, à ce qui se dit. Ca peut être amusant de tous les terrifier, pour en prendre quelques uns dans le tas et les ramener au repère…Ca leur donnera un petit avant goût de ce qui se passera durant cette guerre, et de cette manière, ça nous permettra aussi de ne pas perdre la main. Oui, car j’étais persuadée que nous allions gagner cette guerre. La renaissance du maitre, pour moi, sonnait comme un grand avantage. Cette fois-ci, il avait pris nombre de dispositions qui jouaient en notre faveur. De plus, cette prise tentée Qu’est-ce qu’ils vont faire, fuir ? Mais nous savons tous que le transplanage est quasi-impossible dans l’enceinte de Poudlard ; et la plupart d’entre eux n’ont même pas passé le permis.

Arpentant nerveusement les couloirs de mon Manoir, je rejoins rapidement la salle de réception en y entendant de l’agitation. Depuis peu, notre domicile faisait office de quartier général de Voldemort et de ses partisans. Ce n’était pas pour me plaire, mais évidemment, je n’avais pas mon mot à dire. C’était même conseillé, vu que je ne faisais pas réellement partie du «clan», comme une personne à part entière. Si Lucius y allait, j’étais obligée de suivre. J’espère seulement qu’il n’arrivera rien à ma famille…Les autres mangemorts, ce n’est que secondaire, Voldemort s’en sort comme de vulgaires pièces sur un échiquier, il en aura toujours une bonne dizaine de plus en réserve, attendant impatiemment leur chance de prouver toute leur dévotion au Lord. Parfois, je me dis que j’ai de la chance de ne pas être complètement une mangemorte, de ne pas être enchainée de la sorte…Bon, je suis enchainée à autre chose certes, mais ça, c’est un tout autre sujet sur lequel il ne vaut mieux pas s’aventurer. Je pénètre dans la salle et lance un regard circulaire tout autour de moi. Ils se tiennent tous prêt, baguette à la main. Je jette un regard quelque peu inquiet à Bella et bientôt, les premiers mangemorts se mettent à transplaner à Poudlard.

Je m’étais attendue à pire ; des hautes protections, contre lesquelles il nous aurait fallu lutter pendant de longues minutes avant d’espérer approcher les murailles du château. C’est à croire que ces imbéciles n’ont pas pris les dispositions les plus efficaces à temps, à moins que les précédents mangemorts aient été bien informés quant à ce mur de défense, et l’ont appréhendé afin de le réduire en cendres sans peine ? A bas les questions, il ne restait plus qu’à réfléchir aux nouvelles directives qui allaient se présenter à présent. Une fois le décor intérieur familier de l’école dressé devant mes yeux, je tourne vivement la tête en entendant un bruit sonore ; évidemment…Greyback n’a pas pu s’empêcher de commencer à semer la panique générale dès notre arrivée. Au moins maintenant, tous les élèves sont fixés sur ce qui est en train de se dérouler en ce moment même dans le Hall de leur chère école ; certains viendraient-ils oser nous défier ? Les professeurs et toute la bande à Potter, certainement…Mais c’était nettement moins sûr quant aux premières années par exemple, pauvres petites victimes innocentes. Au final, ça ne reste que des enfants, pour la plupart ; c’est audacieux à eux de croire qu’ils sont capables de battre des sorciers beaucoup plus puissants et expérimentés qu’eux. Oh bien sûr ils sont également entourés d’adultes, mais entre nous et eux, c’est la nuit et le jour. J’adresse un hochement de tête à Lucius avant de voir un groupe de Mangemorts se diriger vers la Grande Salle, sous toute l’agitation ambiante des élèves. Je me décide alors à les suivre, bloquant ainsi les entrées et sorties dans la salle en attendant les nouveaux ordres. Je prends un soin tout particulier à ce que mon regard ne se pose pas sur celle des Serpentards, ne souhaitant pas me remémorer des souvenirs ; de toute façon, elle demeurait vide. J’espère que Drago ne se mettra pas inutilement en danger ce soir.

L’heure approche, et je suis de plus en plus impatient de savoir comment ça va se dérouler, comment mes partisans vont s’y prendre et surtout, j’espère qu’ils feront quelque chose de bien, de concret qu’ils n’échouent pas mais ils savent bien ce qui les attendent, ils risqueraient de le regretter amèrement, et ils savent combien subir ma colère revient à quelque chose de très douloureux. Certains en payent le prix de leur vie, d’autres ne font que souffrir jusqu’à en perdre la tête. Ils sont à moi, ce sont mes objets, mes partisans, mes choses. S’ils tentent de s’échapper, je les retrouverais toujours, ils sont marqués, ils ont ma marque de fabrique et surtout on ne se défait pas comme ça de moi. Ils m’appartiennent, tout comme leur vie. Une fois qu’ils portent la marque, ils ne peuvent plus revenir en arrière, ils n’en sortiront pas indemne, ni vivant. Ils savent très bien, que me trahir …c’est quelque chose d’impossible. Pour certain, possible oui mais ils risqueraient d’être rayé de la liste, du monde des sorciers. D’autre non rien à craindre, surtout mes bras droits mais bien sûr, ils ne sont pas épargner pour autant, ils ont juste plus d’avantage que les autres.

Je contemple le paysage que m’offre le manoir Malefoy, attendant la venue de mes disciples leur ayant donné un rendez-vous avant l’assaut. Il faut que tout soit d’accord, tout soit mit en ordre et surtout que tout marche comme il faut, qu’ils sachent tous quoi faire et pas que certains glandent et ne font rien …ou ils font n’importe quoi, certains en sont capable je les connais trop bien, malheureusement. C’est lassant de connaitre trop rapidement leurs points faibles, et à force d’avoir autant de pouvoir, que certains me craignent, je préfère faire mumuse avec Harry Potter et ses compagnons. Je ne le cache pas, certains de mes partisans sont trop faibles, trop lâche et évidement, je ne vise personne …bien entendu, ce n’est pas dans mes habitudes. Je laisse Nagini se glisser sur la table, face aux mangemorts présent et bien silencieux. Je prends place en bout de table balayant la salle du regard, pour voir qui est présent avant d’interroger Narcissa, curieux.

-Drago n’as pas pu nous rejoindre ? Sais-tu son plan de son côté ? Sais-tu s’il sait ce qu’il doit faire ?

Bien sûr, je m’attends à une réponse positive, et le pourquoi du comment mais je ne tente pas insister, s’il n’est pas venu, c’est qu’il sait ce qu’il fait, j’ai confiance en lui …mais pas autant que j’ai confiance en Bellatrix, ma fidèle mangemort. Lucius ? Ce n’est qu’un bon à rien, heureusement que son fils me fait changer d’opinion vis-à-vis de cette famille. A part ce noyer dans l’alcool, il ferait mieux de se remuer un peu, ou je le ferais moi-même, je sais comment le faire réagir et ça ne va pas tarder. Il faut que je reprenne les choses en main, ils sont bien trop dans leur monde et ne pensent plus aux missions que je confie et ça ne me plait guère.

-Je vous attendrez tous dans une maison à Pré-au-Lard une fois que les membres de l’Ordre auront aidé les professeurs et les élèves à se battre, ou s’enfuir pour éviter qu’il y ait trop de mort. Je vous rejoindrais bien plus tard, bien sûr, tuez les sang-de-bourbe, attrapez Harry Potter et ses amis …Tuez aussi ceux qui vous empêche d’avancer. Pas de pitié.

J’affiche un grand sourire avant de les regardé se lever puis j’en fais de même, attendant qu’ils furent tous partis puis je tends mon bras vers Nagini, la laissant s’enrouler autour de mon bras pour se glisser autour de mes épaules ses écailles frottant contre ma peau blanche ainsi que ma robe de sorcier. Je passe le bout de mes doigts blanc sur sa tête avant de transplaner à mon tour à Pré-au-Lard restant sur mes gardes, ne voulant croiser aucun des membres de l’Ordre, et puis …ils ont mieux à faire, protéger Harry Potter, n’est-ce pas ? Je me rends dans un bar miteux, trop miteux à mon goût et je me permets de tout réorganiser à ma façon. Je prends place sur un siège très confortable, et non usé. Je pose mes mains sur l’accoudoir, Nagini redressant sa tête pour observer le propriétaire des lieux, qui ne fera pas long feu de toute manière. Le sang coulera ce soir, le sang de tous les sorciers, qu’il soit pur, mêlé ou moldu…tout le monde n’y échappera pas, il y aura des morts, beaucoup de dégâts et rien, rien ne sera plus comme avant. Des bruits sourds, d’écroulement se firent déjà entendre, des cris, des cris de détresse résonnent…Tout ce que j’aime, des sons tellement doux à mon oreille, tellement agréable à entendre. Je pousse un petit rire machiavélique, froid mais je rigole du malheur des autres, j’interviendrais …mais bien plus tard, laissons d’abord mes pions jouer avec les autres, nous allons gagner, cette partie.

Je laisse Nagini se dérouler de mes épaules, allant observer le coin puis je me lève, me dirigeant vers la fenêtre poussièreuse. Je pivote légèrement, observant le patron mais mon regard suffit à parler à ma place. Je pousse un long soupire avant de tourner la tête vers la porte qui s'ouvrit. J'aperçois Yaxley, qui a préféré rester auprès de moi et agir avec moi quand il le faudra. Je lui désigne une chaise bancale, en bois usé.

- Prend donc place mon ami, as-tu déjà des nouvelles des autres ? Sais-tu où ils en sont ? Qui est mort ?

Yaxley . « Je l’ignore maitre, mais ils ont réussis à pénétrer dans le château. Nous n’en savons pas plus pour le moment, quand agirons-nous ? »

-Bientôt mon ami, s'ils n'ont pas réussi à attraper Harry Potter d'eux-même, alors on agira ...ces incapables, ils ne savent rien faire, il faut toujours que je passe derrière eux.

Je pousse un long soupire avant de regagner la place que j'occupais précedemment et je repose mes mains sur les accoudoirs, regardant le mangemort en face de moi. La fin de ce monde est proche, les ténèvres vont prendre le dessus rapidement ...nous y arriverons ! J'ai foi en eux , et on doit y arriver, sinon ils risquent de le payer, et cher.

Même si ce soir-là était venu plus vite que je ne le pensais, je ne comptais pas me laisser déstabiliser par la panique, ou par l’absence totale de plans qu’on avait. Par le passé, est-ce qu’on avait toujours eu des plans très structurés, calculés au millimètre près et qui nous permettaient d’assurer notre survie en toute situation ? Non. Ce soir, je comptais seulement mettre en œuvre l’une des phrases que Dumbledore m’a si souvent répétées : «Sans toi, l’avenir de ce monde est voué au choix du hasard. Tu ne dois pas échouer. Tu n’as pas le choix. » Et je n’échouerai pas. Pour sa mémoire, celle de mes parents, celle de Sirius, celle des parents de Neville...Et encore, tous ceux qui sont morts dans l’anonymat et qui pourtant combattaient pour la même cause des héros les plus connus. Mais aussi pour encore tous les vivants pour qui ce soir, mettre leur vie en danger n’est pas forcément un problème. Et je refuse ça. Je refuse ce sacrifice consenti ; il y a eu bien assez de dégâts par ma faute. Me rendre ? Sûrement pas. S’ils veulent me savoir entre leurs griffes et me voir morts à leur pied, j’espère seulement que ce sera lorsque ça sera trop tard, lorsque j’aurai mené à bien et jusqu’au bout la mission inachevée de Dumbledore, c’est-à-dire lorsque j’aurai trouvé et mis un fin à l’existence de tous ces fichus horcruxes, et que Voldemort se retrouvera aussi vulnérable qu’il l’était auparavant. Si ça doit se passer comme ça, j’espère que quelqu’un trouvera en dépit de tout le courage de l’achever pour qu’il n’ait pas le temps de trouver une autre nouvelle ruse afin de proliférer à nouveau. De cette manière-là, les mauvaises langues qui s’étaient déliées à dire que ça m’amusait de ramener ma fraise pour jouer au plus malin, pourront se taire. Je n’ai jamais cherché la gloire, qu’est-ce qu’ils croient ? Que c’est tous les jours l’extase pure de se retrouver dans la vie du «célèbre Harry Potter» ? Regardez un peu sur quoi est fondée ma célébrité…Le meurtre de mes parents par un fou-furieux, et ma pseudo-chance à avoir survécu. Honnêtement, j’aurai très bien pu m’en passer !

Mais pour le moment, le temps n’est pas de se replonger dans le passé, et ni de tirer trop rapidement des plans sur la comète non plus. J’attends Ron et Hermione puis, les voyant venir vers moi leur baguette à la main, je contracte la mâchoire, resserrant mes doigts sur la mienne, avant de me mettre à observer tout autour de nous. Agir, oui voilà c’est ça, agir ! Mais par où est-ce que l’on est censé commencer ? Si ça se trouve, il y en a partout, à attendre que l’on fasse le moindre faux pas pour nous bondir dessus. Pourtant on ne peut pas rester plantés comme des piquets au beau milieu du septième étage. Ils ne sont pas bêtes, ils doivent certainement se déplacer, bloquer les sorties et les entrées des salles communes ou des passages secrets. Ils seraient même capables de provoquer des éboulements dans certains d’entre eux pour prendre des élèves au piège. Si on reste immobiles trop longtemps, c’est comme si on nous rendait sur un plateau d’argent. Mais alors que je me retourne vers mes deux meilleurs amis pour les prévenir que je vais descendre en éclaireur jusqu’au cinquième étage au moins, je sursaute en entendant une quatrième voix, heureusement familière, et qui pourtant ne semble n’appartenir à personne. Tom. Il a du se servir d’un sort de désillusion, ce qui n’est pas bête et beaucoup plus pratique que ma cape d’invisibilité, qui de toute façon était restée dans ma valise au dortoir. Est-ce que c’est réellement un atout de l’avoir de notre côté, pour ce soir ? Peut être qu’il va pouvoir nous aider à appréhender les techniques d’attaque ou les plans des mangemorts –ils n’auraient rien tenté sans rien de bien concis, ils ne sont pas idiots, ils ne risquent pas d’agir à la légère, pas cette fois–. Tous en bas pour le moment, bien…Tous en bas pour le moment, bien…

- On évite de descendre à partir du troisième étage. Je descends jusqu’au cinquième mais vous, ne vous séparez pas. Tom, tu viendras avec moi. Pour le moment on essaie d’empêcher le maximum de monde de se mettre en danger pour rien. L’Ordre ne va pas tarder à arriver.

Mais alors que je m’apprête à jeter sur moi-même le sort de Désillusion, une ombre noire, telle un spectre vint se poster devant nous, et bien vite, nous découvrions le visage de Malefoy père, avec un souvenir désagréable de déjà-vu, lors de notre confrontation il y a déjà deux ans au Département des Mystères. Cette nuit, je vais réfléchir à deux fois avant de prendre une décision ; je n’ai pas envie de causer une nouvelle mort. La mienne ? Je n’en ai certainement pas le droit. Tout le monde a peur, ce n’est pas une raison pour mourir comme un lâche. Fronçant les sourcils, je ne prends pas la peine de répondre à ses provocations. En temps normal je l’aurai fait, mais après tout on ne sait pas ce qu’ils ont tous derrière la tête ; et le petit air satisfait qu’il arbore sur son visage ne m’annonce rien de très bon. Je jette un coup d’œil discret au vide dans lequel se trouvait Tom il y a quelques instants ; il doit y être encore d’ailleurs, j’espère en tout cas. Je ne prolonge pas plus mon geste de peur de faire repérer quelque chose de louche, puis je tourne à nouveau mon regard vers Lucius.

- On ne tombera pas ce soir. Vous pourriez être des centaines que l’on continuerait toujours à se battre. Et s’il y a des morts, ils seront à compter de votre côté.

Ancrant mon regard dans l’océan acier du sien, je me sens un peu plus fort face à mes propres mots ; la détermination, c’est ce qui nous permettra de vouloir continuer. Rien n’est encore perdu. Je connais bien leur technique, au fond : l’intimidation, la ruse, l’attaque. Ils essaient de nous rendre plus vulnérables qu’on accepte de se montrer encore, et ils profitent ensuite de fondre sur nous. Mais ça ne se passera pas comme ça. Je tique lorsque le mangemort s’adresse à Mione ; tiens, qu’est-ce que je disais ? Je fronce un peu les sourcils en la voyant tout de même troublée. Bon, il faut trouver quelque chose pour se défaire de la situation dans laquelle on se trouve. Comme je l’ai déjà dit, rester là face à lui, c’est comme si on se livrait de nous-mêmes face à Voldemort. Et il ne doit pas être bien loin d’ici, si j’en crois ma cicatrice qui me fait de plus en plus mal, mais que je tente d’ignorer un maximum. Essayant de peser le possible et l’impossible entre toutes les idées qui se bousculaient dans ma tête à ce moment là, je dégainais rapidement ma baguette et lui lançai un stupéfix. Ce n’était pas la chose la plus intelligente à faire, mais il représentait déjà un barrage que l’on devait dépasser pour qu’ils n’aient pas à crier trop vite. M’empressant de me lancer ce fameux sort de désillusion, je ne prêtai même pas attention à la sensation glacée qui me coulait tout le long du dos, et me tournant vers Ron et Hermione, je leur lançai :

- On fait comme on a dit. Pas de risques inutiles et…Et essayez de trouver les membres de l’Ordre!

Mesurant le ton de ma voix pour ne pas me faire –à nouveau– repérer, je descendis rapidement l’étage menant au sixième, ma baguette levée, et restant sur mes gardes ; je suis certain qu’ils pourraient se métamorphoser en statue pour passer inaperçus, et fondre sur nous dès qu’on entre dans leur champ de vision. Sur moi, en tout cas. Poussant un léger soupir et entendant de nouveau du bruit en bas, je pointai ma baguette devant moi.

- Hominium Revelio. Rapidement, je me rendis compte que je n’étais pas seul à cette étage, des signaux me l’indiquaient ; alliés ou ennemis ? Me rendant compte que ma méthode n’était vraiment pas la bonne, je me repliai dans un coin de la salle, avant de murmurer. -Accio Carte des Maraudeurs.

Je suis persuadé que nous allons gagner, nous sommes plus forts et plus nombreux, et nous avons un bon plan pour attirer l’ennemi. Trumper ? On pourrait faire revenir Kaulitz, on essayera de le faire par tous les moyens possible, même les pires s’il faut. Ce n’est pas un bon élément, mais plus on est, plus on arrivera à prendre le dessus et à écraser l’Ordre et ses compagnons. Je me dirige donc rapidement à l’étage, sachant que Bill s’y trouverait, et seul et comme prévu, ça n’a pas loupé. Je jette un Impérium à Astoria, après l’avoir encourager et l’avoir rassurée puis je la suis du regard, surveillant de temps en temps Daphné, Crabbe, Goyle et Zabini qui rodent non loin de nous. Je surveille Astoria, ainsi que de Trumper qui mord à l’hameçon comme prévu, il est tellement prévisible, tellement naïf, tellement idiot, c’est tellement jouissif de le voir ainsi. Je sursaute mais j’essaye de ne pas me déconcentrer, au moins sous Impérium c’est plus facile de mentir, en général il arrive à voir ceux qui mentent, mais je pense que dans ces moments comme ça, aussi paniqué qu’il soit, il ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez. J’affiche un petit sourire sadique avant d’entendre des bruits de pas. Qui cela pouvait bien être ? Les autres ne sont pas là, et personne n’est censé venir là ! La personne en question aurait du croiser les autres …mais il faut croire, qu’ils ne sont pas si efficace que je le croyais. Je serre les dents, les maudissant.

Je ne veux pas faire échouer cette mission, on compte sur moi, tout le monde compte sur moi et surtout je dois prouver au Lord Noir de quoi je suis capable. Je resserre mes doigts autour de ma baguette avant d’apercevoir une idiote de notre maison, une idiote oui et j’ignore ce qu’elle vient faire la. Elle ne devait pas être là ! Je cherche les autres des yeux, les maudissant encore plus qu’avant, ce sont des imbéciles, il faut tout faire soit même ! J’annule le sort d’Impérium avant de me reculer un peu. Crabbe poussa un bruit d’oiseau, j’observe les alentours avant de lancer un sort dans le vide comme pour attirer l’attention d’Astoria, Bill et Tracey. Je leur fais ensuite face, avec un sourire assez mauvais, dessiné sur mon visage.

-Alors ? On s’est perdu ? A votre place …je ne resterais pas là.

Je lance un regard limite complice à Astoria mais je ne m’y tarde pas. Je pointe ma baguette vers eux, Goyle et Blaise vinrent à mes côtés, eux aussi pointant leur baguette vers eux. Je souris en coin me dirigeant vers le mur, non loin d’Astoria et Bill alors que les autres se mirent près d’eux. Maintenant, ils ne peuvent plus partir, du moins il faut qu’ils nous attaquent pour ça.

-Tiens, Tracey, je croyais que tu faisais partie de notre camp …il faut croire, que toi aussi tu trahis les tiens, ce n’est pas bien, tu sais ce que je fais, à ceux qui nous trahissent ?

Je lui lance un expelliarmus d’un geste vif et précis qui alla vers elle. Goyle s'y met lui aussi en lançant un levicorpus en direction de Bill et Blaise un stupéfix en direction d'Astoria que je bouscule en le faisant exprès pour pas que le sort l'atteigne. Je me demande comment on va réussir notre mission. Je me creuse les méninges alors que le temps est compté, j'attrape Astoria par le col de sa chemise et je la plaque contre le mur alors que les deux autres continuent de se battre (ou du moins ils essayent) je lui chuchote alors :

-Emmène-les plus loin ...essaye de semer Tracey, garde Bill près de toi, je te rejoindrais par la suite. Je vais te donner un ordre, et tu a interêt à m'écouter ...Tu me donneras un coup de poing, et après tu vas fuir, d'accord ?

Je me détache ensuite d'elle avant de rire exprès, pour me moquer d'elle, puis je me la regarde de haut en bas, il faut que je trouve quelque chose pour lui faire mal, enfin indirectement, mais que si des oreilles indiscrète nous entendent ...qu'ils sachent pourquoi.

-Alors, ton papa le mangemort n'est pas venu au rendez-vous Greengrass ? Comme c'est dommage, j'aurais voulu lui prouver à quel point je suis meilleur, qu'il ne devrait pas sous-estimer ma famille ...mais la tienne ...

Depuis cette explosion retentissante et en voyant Harry disparaître derrière le tableau de la Grosse Dame, je n’ai pas perdu mon temps à me triturer les méninges pour savoir quoi faire. Baguette à la main, je me suis dirigée d’un pas décidé vers l’extérieur de la Salle Commune de Gryffondor, et à en juger par les bruits de pas familiers qui s’étalaient derrière moi, je dirais qu’il en était de même en ce qui concerne Ron. M’approchant vivement d’Harry, je garde ma baguette brandie et je jette un regard circulaire autour de nous trois. Rien. Bizarrement, je m’étais déjà imaginée venir sur un vrai champ de bataille, comme dans l’un de mes cauchemars récurrents ces temps-ci. Mais c’est parce que c’est le début, et j’aurai presque tendance à dire qu’ainsi, c’est pire. Jetant un regard aux tableaux qui semblaient tout aussi tendus que nous, je sursautai et plaquai presque automatiquement une main sur ma bouche pour m’empêcher de crier, lorsque la voix de Tom se fit entendre discrètement tout près de nous. Mais alors que je m’attendais à entendre une deuxième voix parler, rien. Bill n’était donc pas avec lui ? Je peine à avaler ma salive pour faire descendre la boule qui commence à me bloquer la gorge. Et s’il lui était arrivé quelque chose, ou que pour une raison inexpliquée il n’avait rien entendu de ce «signal», qu’il fonçait tout droit dans la gueule du loup ? Regardant un point invisible, là où pourrait se trouver Tom en ce moment, j’attendis encore, mais rien. Peut être qu’il va très bien et qu’il s’occupe de la sécurité des autres Serdaigles, aussi…Mais cette inquiétude et la nouvelle que nous révéla Tom me firent l’effet d’une douche froide. Cette fois donc, ça n’a rien d’un cauchemar, mais c’est bien réel. Nous n’avons pas vraiment le temps d’assimiler ce qui vient de nous être dit, que déjà une masse noire et imposante vient jusqu’à nous. Un mangemort ; et le temps que ce-dernier se matérialise à nouveau en sa forme corporelle, je me recule un peu, non pas par crainte (ou enfin, quand même un peu…) mais surtout pour avoir le temps de me mettre en position de défense, pour cette fois. Fronçant les sourcils, je vois en même temps que les autres l’identité du mangemort qui se dressait devant nous : Lucius Malefoy. Comme c’était prévisible…

Pinçant mes lèvres entre elles, je jette un regard en biais aux garçons alors que mon cœur semble rater un battement lors d’une phrase du mangemort ; comment ça, ce que Drago m’a fait ? Décidant de ne pas lâcher son regard pour ne lui pas lui donner la satisfaction de me montrer faible, je comprends pourtant sans beaucoup de surprise, que mes blessures ne sont ni l’œuvre de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-Nom, ni celle d’un tout autre Serpentard, mais sinon de son fils. Et lui qui osait se pavaner sous le titre de «Celui qui m’a sauvé la vie» auprès de mes camarades et des professeurs...Ca a du être une magnifique partie de rigolade, de son point de vue. Sentant une vague de colère et de honte mélangées monter en moi, je resserre mes doigts autour de ma baguette et me promets bêtement de lui faire payer la portée de ses actes. « - Et bien vous direz à votre fils qu’en plus d’être un lâche comme vous, il est pathétique ! » Je pince mes lèvres et regrette ces mots pas plus tôt une fois sortis de ma bouche, mais en même temps…Non. C’est comme un soulagement, en réalité. Mais si Harry n’a pas choisi la provocation cette fois, c’est qu’il y a une bonne raison. Et il ne faut pas la chercher bien loin : nous sommes seuls, aucun ancien membre de l’AD et de l’Ordre à l’horizon, nous sommes seuls avec un mangemort récidiviste, prêt à faire tout et n’importe quoi pour se ré-attirer les faveurs de l’homme qui l’enchaine, alors il n’est peut être pas bon de vouloir jouer avec le feu sans chercher à se brûler.

Et ensuite, tout va beaucoup trop vite : Je vois la baguette d’Harry se dresser à la hauteur de mon visage, un éclair rouge éclairer ce qui se passe devant mon nez, et le Malefoy père devenir totalement immobile, mais malheureusement bien encore conscient de tout ce qui peut se passer autour de lui. Sentant comme une urgence et qu’on ne doit vraiment pas traîner dans le coin, je tourne rapidement la tête vers Harry et la hoche frénétiquement avant de venir attraper la main de Ron, pour me rassurer mais aussi pour partir vite avec lui, si d’autres mangemorts décidaient tout comme Lucius de venir nous rendre une petite visite. Et c’est dans des moments de panique comme celui-là que l’on peut regretter qu’il soit impossible pour nous de transplaner à l’intérieur de Poudlard…Je n’ai pas le temps de glisser un «Bonne chance» ou le traditionnel «Fais attention» à mon meilleur ami qu’il n’est déjà plus dans mon champ de vision, et la carte des Maraudeurs fend l’air pour aller retrouver son propriétaire, me faisant me pousser un peu de son chemin. J’espère que Tom l’a suivit et qu’il ne jouera pas trop gros ce soir. Mais rester immobile ici tout en se perdant dans ses pensées relèverait presque du suicide. Me ressaisissant rapidement, je serrai distraitement la main de Ron dans la mienne et me dirigeais en courant vers le premier escalier, regardant les environs, ma baguette prête à l’emploi. D’une mine concentrée, j’ajoute quand même pour Ron, devinant son regard interrogateur : « - Il faut commencer par des lieux isolés, comme la bibliothèque ou les salles communes. Beaucoup d’élèves ont du s’y réfugier, et il y a des chances qu’on y trouve des membres de l’Ordre pour les protéger. »

Je venais donc de rejoindre le Trio et j’essayais de me faire le plus discret possible, de mesurer le bruit de ma respiration ou de ne pas faire de gestes trop brusques pour ne pas attirer l’attention. Le sortilège de désillusion, c’est bien beau, mais ce n’est quand même pas sûr ; tous les mangemorts ont la quarantaine passée, et à moins de redoubler d’efforts et de ruses, je ne pense pas qu’ils se laisseront facilement impressionner ou berner par de petits tours de passe-passe de la part de sorciers à peine tout juste majeurs. Je m’en veux quand même de ne pas avoir passé la totalité de la journée avec Bill, d’avoir pu lui dire un mot…Si seulement j’avais pu savoir que ça allait se dérouler ce soir. Mais malheureusement, je ne suis pas le seul à être dans ce cas-là, c’est une situation qui nous dépasse tous complètement, Bien tout comme Mal y compris. Je sais tout de même qu’il n’est pas idiot, et que même s’il a un trop grand cœur vis-à-vis des autres, il ne se mettra pas en danger inutilement. Peut être même que je vais le retrouver, d’ici quelques minutes. Je lui ai promis qu’il ne lui arriverait rien durant cette guerre, que je ne le permettrais pas, et je me dois de répondre à ma promesse/ J’imagine que les Mangemorts ne se sont pas encore dispersés dans tout Poudlard, ils doivent seulement se concentrer sur des points où il y a le plus d’élèves possibles. Fuir par la Tour Nord ? Même si j’y avais pensé, il y a quelques mois auparavant, ça me semble hors de question désormais. C’est la dernière chose à faire, et surtout de mon côté : ça serait leur donner la preuve qu’ils sont les meilleurs, et qu’ils sont craints, comme ils l’aiment et espèrent l’être encore pour longtemps. De toute façon, ils me retrouveraient si facilement, que ça en serait même déroutant. Au moins, ce soir, dans le feu de l’action, j’ai la certitude que je me situe dans le bon camp, et non dans celui de la facilité. Mais s’il y a des morts ou en tout cas des blessés ce soir, j’espère de tout cœur qu’ils seront à déplorer de notre côté, et non pas du notre.

Je n’ai pas le temps de leur glisser deux-trois mots concernant les premières positions adoptées par les Mangemorts que déjà, l’un d’eux vient nous tenir compagnie, et pas l’un des plus mal connus, mais le père Malefoy en personne. Il ne manquait plus que lui, tiens. La seule chose dont j’étais fier d’avoir hérité de mon père, c’était la haine que je pouvais ressentir vis-à-vis de toute cette famille. Qu’est-ce qu’il venait faire ici, essayer d’attraper Harry, ou donner le signal qu’il avait déjà repéré le gros lot ? Comme s’ils allaient se laisser faire bien gentiment, comme si toute cette famille allait un jour reprendre du poil de la bête…Moi, je ne bouge pas, je retiens même presque ma respiration, je n’ai pas envie de me faire repérer. Je suis sûr et certain que mon père est là ce soir, et qui dit Lucius, dit forcément que le toutou qui me sert de père n’est certainement pas loin. Si lui était à compter parmi les morts ce soir, je ne le regretterais pas. Si c’était par mon geste, encore moins. Au contraire, ça serait bien plus qu’un soulagement. Je fronce les sourcils face à la voix doucereuse du Mangemort, et bien que je n’aie pas encore eu une connaissance exacte de ce qui s’est passé à Hermione (Bill m’en a vaguement parlé aujourd’hui, mais il a préféré changer rapidement de sujet pour que je ne me fasse pas de soucis pour lui si ça devait continuer), même un idiot pourrait facilement deviner qu’une tension dangereuse s’est maintenant installée.

Voyant l’éclair rouge frapper de plein fouet Lucius, je fronce aussi les sourcils, surpris de sa part de s’être fait avoir aussi facilement. À moins qu’il est bu avant de venir ? La Gazette dit tellement de mal de lui, et puisque l’alcool ralentit nos réactions…Mais ce n’était vraiment pas le moment de chercher à comprendre ce qui venait de se passer, il y avait une urgence, et cette urgence, c’était bien évidemment d’élaborer une stratégie au plus vite et de ne pas rester plus longtemps dans les parages, au cas où d’autres auraient la brillante idée de se ramener, ameutés par le bruit du sort lancé et par les bruits de pas ameutés. Je suis Harry des yeux avant de lui emboîter le pas rapidement, comme il me l’a demandé. J’ignore encore où est-ce que tout cela peut bien nous mener, s’il a un plan ou s’il va finalement agir selon son instinct…En tout cas je lui fais confiance, coup de chance ou pas, jusqu’à preuve du contraire, il a toujours réussi dans tout ce qu’il entreprenait, non ? Et il est celui qui a risqué le plus grand nombre de fois sa vie. Me cachant derrière une statue de marbre, je le regarde lancer le sort puis appeler la carte des Maraudeurs. Je me rapproche un peu de lui, discrètement, et fixe les petits signes, bien plus loin de nous dans ce couloir, qui indiquent les personnes qui y sont également présentes. Une d’entre elles ne cesse de faire les cent pas, et de guetter par-dessus la rampe des escaliers ce qui se passe au-dessous, dans le Hall de Poudlard. Reportant mon attention sur la carte, je découvris à moitié surpris son identité : Ollius Kaulitz. Alors comme ça, le nez de serpent ne l’avait pas encore évincé. Mais ça ne m’étonnerait pas que ce soit sa dernière mission, qu’ils gagnent, ou qu’ils perdent. Surtout si je m’en mêle ! Mais ça ne m’étonnerait pas que ce soit sa dernière mission, qu’ils gagnent, ou qu’ils perdent. Surtout si je m’en mêle ! Tournant à nouveau la tête vers Harry, je lui chuchotais :

<< - Il est plus doué en défense qu’en attaque. Si l’on veut rejoindre l’étage inférieur, il ne faut pas le faire en même temps, sans compter tous ceux qui l’entourent. >> Je baissais une nouvelle fois les yeux vers la carte et effectivement, des mangemorts. Tous les petits points rouges en étaient. Dolohov commençait même à monter le premier étage. Heureusement, aucun élève sur son chemin pour le moment. Espérons que ça continue ainsi…