Si le transplanage demeure interdit dans l'enceinte de Poudlard, heureusement qu'il n'en est pas de même pour la poudre de cheminette. Descendant à la salle commune de ma maison, un sachet de cette fameuse poudre à la main, je prends bien soin de vérifier que les gens de mon année ne sont pas présents, ni ceux de la cinquième, qu'ils seraient susceptibles de connaître. J'ai quelque chose à faire à l'Allée des Embrumes, et je me passerai bien d'une horde d'«ennemis» à mes trousses, ou bien de mettre Bill en danger par ma faute. J'ai encore des objets dont je voudrais définitivement me débarrasser, histoire de tirer définitivement un trait sur celui que j'étais avant. Ils sont assez dangereux lorsqu'on y pense, et je ne voudrais certainement pas que mon petit-ami y mette par hasard la main dessus un jour. Mais heureusement pour moi, les seuls élèves présents dans la pièce ne sont que des deuxième ou des troisième année, en bref, des personnes dénuées de tout intérêt pour être chargées d'espionnage ou de trahison par Malefoy et sa bande. Passant devant eux, je sens leurs regards intrigués dans mon dos, mais je ne m'arrête pas pour autant. Stoppant les flammes de la cheminée d'un coup de baguette, je ne prends pas en compte des protestations qui se font derrière moi et ouvre le réseau de transport de cheminées de Poudlard. Prenant ensuite une bonne poignée de poudre, je me place dans la cheminée et jette ce que je tiens avant de prononcer d'une voix forme et claire: «Allée des embrumes». Après quelques 'secousses', je secoue un peu mes manches puis m’époussette de tout le noir de cheminée que j'ai accumulé au cours de ce voyage. Ce n'est que lorsque je fais quelques pas que je daigne lever le regard sur la pièce. Oh joie, j'ai attérit dans une ancienne boutique des plus lugubres. Enfin, qu'est-ce qui n'est pas lugubre ici, je vous le demande?

Je me hâte de trouver la sortie puis j'arpente les rues, n'espérant pas trop m'attarder en un endroit pareil. Je n'ai pas forcément envie d'y croiser mon père, des mangemorts, ou des «amis» de mon père. Mais malheureusement, en parlant de ça, je ne tarde pas à apercevoir une silhouette un peu trop familière à mon goût. Ancus, un ami de longue date du lâche qui me sert de père. Faisant la moue, je tente de passer inaperçu, mais comme si tout jouait contre moi à ce moment-là, il n'y avait pas foule dans la ruelle. C'est donc sans surprise que j'entendis, à peine quelques secondes plus tard: << - Tiens, Kaulitz Junior! >> Je pousse un long soupir avant de me tourner vers lui, sachant que je ne peux pas y échapper. Je prends quand même soin de cacher les dits objets, avant de le dévisager, de haut en bas. N'a-t-il rien de mieux à faire que de m'imposer sa présence? Honnêtement...S'ils pensent tous que je suis un raté désormais, qu'ils me laissent donc tranquille et qu'ils ne s'intéressent plus à moi, ça me fera bien des vacances. << - Ancus. Quel plaisir de te revoir...>> Répliquais-je sur ton calme mais non sans empli d'ironie. Je regarde un moment autour de nous, n'ayant pas spécialement envie d'attirer une fois de plus l'attention sur moi où que j'aille. Il faut que ça tombe sur moi, pour une fois que je me décide à sortir de mon trou et à franchir un cap pour passer définitivement à autre chose et faire une croix sur mon passé, il y a toujours quelqu'un qui apparaît de je ne sais où pour venir me mettre des bâtons dans les roues.

J'espère simplement ne pas avoir mis les pieds dans les plats, au mauvais moment, et au mauvais endroit. Je me racle un peu la gorge lorsqu'il se mit à se rapprocher de moi. Je guette un geste suspect de sa part, ma baguette à portée de main. Pourtant, il n'a pas l'air déterminé à vouloir utiliser la sienne, ou du moins pas maintenant, j'ai appris ô combien les mangemorts pouvaient se montrer rusés et patients envers leurs...Proies. Je tâche de faire mine de ne lui accorder aucune importance, mais ce n'est pas ce qui semble le décourager pour autant dans sa lancée. << - Tu as fait la pire erreur de ta vie, en refusant de te fondre dans nos rangs. Je compte bien faire partie, tôt ou tard, de ceux qui te prouveront que tu es passé à côté de ta chance. Imagine ton futur, si tu n'avais posé aucune résistance. >> Tiens, qu'est-ce que je disais? Toujours cette même rengaine. C'est à croire qu'ils ne s'en lasseront jamais. Je lâche un long et profond soupir avant de finalement ancrer mon regard dans le sien. Je veux une fois pour toutes tirer cette histoire au clair. Je passe une langue sur mes lèvres avant de commencer, le plus posément possible, d'un calme qui traduirait plutôt une irritabilité qui va s'accroire au fur et à mesure de ma prise de parole, pour quelqu'un qui me connaît. << - Je me contrefiche de ce que toi, ou les autres pouvez bien penser. Je veux être le seul à décider de ce qui est bon pour moi, ou pas. Vous pensez que je fonce droit dans le mur? Et bien tant pis. Mais ma place n'est pas avec vous. Elle ne l'a jamais été. >> ...Et elle ne le sera jamais. Ils devront se passer de moi, comme ils l'ont fait depuis toujours. Désolé, sincèrement, mais je ne suis pas un petit chien. Je ne supporterai pas ce rôle que mon père a endossé tout au long de sa vie. S'il doit m'arriver quelque chose pendant cette bataille (ce que je n'espère pourtant pas), je préfère de loin mourir en ayant défendu mes valeurs jusqu'au bout, plutôt que de quitter cette Terre en lâche, comme la plupart des mangemorts le font, d'ailleurs. Je le fixe quelques secondes après mon «discours» puis je décide de reprendre ma route sans me dépêcher pour autant, pour lui prouver que justement, il ne m'effraie pas.

Je ferme les yeux d'agacement en sentant une poigne de fer me rattraper de justesse et se refermer sur mon poignet. Quoi, encore? J'émets un nouveau grognement qui ne semble pas lui échapper, puis qu'il reprend de plus belle: << - Imagine ce qu'aurait été ton futur...Le fils Malefoy et toi promettaient une belle carrière. Vous étiez les deux mangemorts les plus brillants que l'on ait pu recruter. Si tu t'étais allié à lui...Les autres minables n'auraient plus l'ombre d'une chance face à nous. >> MOI? M'allier à Malefoy? Non mais, m'a-t-il seulement bien observé? Je sais que j'aurai pu faire un mangemort prometteur, je sais que j'apprenais vite et que les tactiques que m'ont enseigné mon père étaient irréprochables, mais...Mais non. Ça ne me ressemble pas. Ça ne me ressemble plus. Alors autant accomplir ce qui me tient réellement à cœur, au moins une fois dans ma vie. Je ne prends pas la peine de lui répondre, ne laissant qu'un rictus apparaître au coin de mes lèvres, un rictus qui parle pour moi sur mon opinion. Il finit par me lâcher, avec une mine de dégoût, et je masse mon poignet, qui commençait à rougir sous le poids de la force de cet homme. Je lui adresse un regard en biais tandis qu'il me fixe d'un air suffisant, presque vainqueur. Pense t-il avoir gagné la partie? Je ne vais pas le contredire. Je n'en ai ni le temps, ni l'envie. Du moment que je rentre le plus vite possible au château en ayant définitivement tourné la page de ma vie passée, moi, ça me va. Il finit par s'éloigner, satisfait, et moi soulagé qu'aucun sort n'est fusé, ou du moins pour le moment. Je ne sais pas -ou plutôt ne préfère pas m'imaginer- jusqu'où il aurait été capable d'aller, surtout que ce n'est pas la foule qui nous empêchait d'avancer...La ruelle était complètement déserte! << - Tu avais l'occasion de devenir quelqu'un, désormais tu n'es plus rien d'autre...Qu'une vermine. Une vermine qui ne mérite que d'être écrasée. >> Il ricana et transplana. Ce n'est qu'une menace de plus...A la longue, je crois m'y être fait. Je soupire et secoue la tête avant de quitter cette partie pour tourner à droite, rejoignant un bras quand même plus peuplé. J'arpente les magazins, grimaçant parfois en regardant les objets exposés en vitrine. Il faut d'ailleurs que je retrouve ceux où j'ai acheté ce que j'ai amené, et tenter de les revendre par tous les moyens, aux tenants des boutiques ou de leurs clients. Certains viennent de Barjow et Beurk, d'autres pas. L'abandonner quelque part dans un coin, ce serait trop dangereux pour d'autres personnes.

Je tourne la tête en entendant une voix malheureusement familière, puis je me tourne vers sa direction, non sans lâcher un soupir appuyé. Pour une fois que je me rends ici, il faut que je croise sur mon chemin tous ceux que je n’ai pas envie de voir ? Elle est où la blague, Malefoy se cacherait-il derrière la poubelle, là-bas ? Je pince l’arrête de mon nez et je fixe Loïc, déjà lassé de sa présence. Je vais finir par croire que je leur manque, s’ils me collent tous aux basques de la sorte. J’eus un rictus moqueur en l’entendant. Bien sûr, Bill, ils doivent tous se douter que c’est LE point sensible qu’il ne faut pas toucher chez moi, au risque de me voir sortir complètement de mes gongs. Mais j’y suis tellement habitué qu’à force, ça me glisse dessus et ne me fait pas plus riposter que lorsque l’on m’accuse d’être un traitre ou encore mieux, un imposteur. S’ils n’ont que ça à faire de leur journée, ce n’est pas mon problème, moi je songe déjà à la sécurité de Bill et à la mienne. J’ai l’impression qu’ils se sont tous arrêtés au fait que je les ai abandonné du jour au lendemain, à cause (même si moi j’aurai plutôt tendance à dire «grâce à») un Serdaigle. J’aimerai bien les secouer comme des pruniers pour qu’ils reviennent au moment présent, qu’ils cessent de me harceler de la sorte et qu’ils se concentrent sur LEUR position au lieu de la mienne, mais à bien y réfléchir, qui a dit que leur sort m’importait réellement ? Personne. Le jour où ils se rendront compte de leur bêtise, ça sera trop tard...Mais j’espère qu’ils ne seront pas blessés trop grièvement. Ca a beau être des ennemis, je ne souhaite pas leur mort pour autant, contrairement à eux. Je ne souhaite la mort que d’un seul homme, et ce n’est pas la peine de vous faire un dessin pour que vous deviniez qui.

J’arque un sourcil à ce qu’il me dit. Qu’est-ce que je disais ? Toujours la même rengaine ! Peut être que c’est censé me blesser ? Je laisse un sourire en coin se dessiner sur mon visage avant de regarder autour de nous. Pourquoi pas ne pas rentrer dans son jeu ? Oh bien sûr je n’aime pas jouer avec le feu et je saurai m’arrêter bien avant, je veux simplement lui prouver qu’il n’a pas à faire le plus malin avec moi. Ce n’est pas parce que je suis dans l’autre camp maintenant que j’ai perdu toutes mes ressources, ou que j’ai oublié toutes les informations et autres de leurs tactiques lorsqu’on m’enseignait à devenir un bon mangemort. Et dire que tout ce que m’aura enseigné mon père va se retourner contre lui…Pour une fois qu’il m’aura servi à quelque chose dans ma vie celui-là ! J’espère d’ailleurs venger ma mère durant cette bataille. Correction par rapport à tout à l’heure : ce n’est pas qu’un seul homme que je veux voir mort à mes pieds durant cette guerre, ça en est deux. On verra bien si je suis si lâche et désespérant qu’il le prétend.

Ne préférant pas m’attarder ici, et surtout pas en une si…. Agréable compagnie (ironie, quand tu nous tiens), je me reportai mon regard sur Loïc avant de lâcher un soupir d’exaspération. << - Tu sais quoi ? Je ne vois même pas en quoi ça te regarde. Ne te fais pas d’idées, ce n’est pas par gaieté de cœur que je suis ici. >> C’est même tout le contraire. Ca serait trop demandé si cet endroit serait rayé, en cas de victoire du bien ? Non parce que je suis certain que là où je me trouve, ça constitue l’un des noyaux phares à la prolifération du Mal. Il n’y a qu’à voir la tête des gens qui trainent dans les parages ! De plus, ce qui me sert de père me ‘la assez souvent répété, et j’ai eu l’occasion de le constater avec les deux armoires jumelles, malheureusement. Heureusement que je ne me suis pas engagé dans cette histoire jusqu’au bout! Je ne pourrai regarder personne en face.

Commençant à m’impatienter, et n’ayant pas envie que l’occasion de me débarrasser de ces objets de malheur me passe sous le nez à cause de broutilles, je me rapproche un peu de lui, ancrant mes yeux dans les siens. << - Ah, et oui…Si tu t’approches ne serait-ce qu’une fois de Bill, c’est que tu ne dois pas tenir tant que ça à ce que tu as entre les jambes >> Je le dévisage de haut en bas avant de passer à côté de lui pour reprendre ma route, espérant être seul une bonne fois pour toutes. Loïc n’est qu’un pion de plus de Malefoy, alors s’il pense m’effrayer….C’est raté. Je secoue la tête avant de m’engouffrer dans un magasin, à la décoration plutôt…Morbide ? Non, même ce mot ne suffit pas à décrire toutes les horreurs qui s’étalent sur les étagères et les placards. Me raclant la gorge, je feins d’y être intéressant avant de me diriger vers le comptoir.