« Groaaaaaaaw »

Hiroki ouvrit subitement les yeux. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine. Il avait entendu un drôle de bruit s’élever dans le silence de la chambre endormie. D’où pouvait-il bien provenir ? Cela n’avait rien d’un objet qui aurait glissé d’une table de nuit ou du bois des lits qui aurait craqué. Non, c’était… vivant. Le jeune Gryffondor scruta un instant le noir dans l’espoir de peut-être apercevoir la source du grognement qui l’avait réveillé. Les ténèbres de la chambre ne faisait qu’augmenter l’angoisse qu’il ressentait. Si ça se trouvait quelqu’un s’était introduit dans le dortoir et avait de vilaines intentions à leurs égards. Tâtonnant de la main sa table de chevet, il se saisit de sa baguette et…

« Groaaaaaaaaaaaw »

A ce moment précis, n’importe qui présent dans la pièce - et bien entendu réveillé puisque tous ces colocataires dormaient à points fermés - aurait très probablement eu un fou rire en voyant Hiroki faire un bond de trois mètre dans son lit. Ses yeux s’étaient agrandis tels des soucoupes volantes. Ce grognement terrifiant c’était seulement son… ventre ? Il baissa sa baguette et éclata de rire dans sa couverture. Oui oui, ça lui arrivait souvent de rire tout seul et qui plus est de lui-même. Une chose était sûre, il avait sacrement faim pour que son estomac grogne si fort. Et effectivement, une ou deux assiettes du délicieux gratins auquel il avait eu droit au dîner ce soir, ça n’aurait pas été de refus. Hiroki décida d’aller faire un petit tour dans le château histoire de trouver l’endroit sacré de toutes personnes ayant un méga grosse fringale, les cuisines. Il savait parfaitement que sortir des dortoirs la nuit était interdit mais là, il jugea que la situation comme un cas de force majeur. Se débarrassant alors de sa couverture, il enfila un pull et ses converses et essaya -oui du verbe essayer, ce qui signifie bien sûr qu’il peut ne pas y arriver - de sortir du dortoir des septièmes années sans faire de bruit. C’était bien sûr sans compter sur la maladresse légendaire du japonais. Avant d’atteindre la porte qui ne se trouvait pourtant qu’à trois ou quatre mètres de son lit, il réussit tout de même à se prendre les pieds dans la sangle d’un sac qui traînait là, à trébucher sur le poêle au milieu de la pièce en essayant de se dégager de cette lanière et de louper la clenche une première fois avant d’arriver enfin à ouvrir la porte. Un vrai parcours du combattant de sortir d’une chambre, c’est fou ça ! Il descendit à la salle commune. Personne. C’était pas plus mal d’ailleurs. Il passa alors le tableau de la Grosse Dame et sortit dans les ténèbres du couloir. Maintenant le tout était de trouver les cuisines. C’était pas comme si d’énormes panneaux clignotants indiquait le chemin à prendre. Le jeune homme décida alors de descendre à la Grande Salle et de déambuler autour de celle-ci pour voir s’il trouverait quelque chose dans ce coin-là.

Trente minutes plus tard, en caricaturant un peu, Hiroki aurait pu ramper tellement sa faim était grande. Il n’avait toujours pas déniché ce paradis que sont à ses yeux les cuisines. Il s’arrêta devant un tableau représentant une coupe de fruits qui, il fallait le dire, avaient vraiment l’air appétissants. L’estomac sur patte s’en approcha, à la manière d’un zombie, les bras en avant. « Fruiiiiits », pensait-il. Puis dans ce mouvement d’approche, sa main droite vint rencontrer le tableau juste au niveau de l’immense poire et une chose inattendue se produisit. La toile s’effaça pour laisser le chemin libre vers… les cuisines ! Victoiiiiiire ! Et, s’engouffrant dans la pièce comme une bombe :

« MAAAANGEEER ! »

Dans la panoplie des agissements bizarres, Hiroki devrait en tout bien tout honneur se voir décerner la médaille d’or olympique. Il s’était stoppé net dans son élan car il y avait déjà quelqu’un dans la pièce et à cet instant précis, le Gryffondor venait tout bonnement de donner la plus farfelue des premières impressions.