Bon. Tout le monde dort dans mon dortoir. Je fais quoi, moi ? Je manque de sommeil, mais je n'ai pas envie de dormir. Des questions qui me trottent dans la tête, des réponses qui n'ont aucun sens, et encore une nuit où je ne vais rien faire. Bien. Puisque tout le monde dort, autant sortir d'ici, histoire de pouvoir faire tout le bruit que je veux - mais pas trop quand même. Je mets ma robe, enfile mes chaussures, prend ma baguette, et sors de cette chambre.
J'ai reçu une carte de ma mère hier. Je sais qu'elle est déçue de savoir que je suis toujours à Serpentard - et je la comprends. Elle ne veut pas que je devienne comme mon père. Quand bien même je ne le veux pas non plus, je n'arrête pas de penser au fait que c'est possible que ça se réalise. Mais, après tout, je ne crois pas avoir les mêmes fréquentations que lui. Enfin, je dis ça, mais je ne connais rien de lui. Et pourtant. Les seules choses que je connais bien sont ses mains, pour les fois où elles m'ont frappées. Et sa voix, pour les fois où il m'a crié dessus. Mais le reste ? Du tout.
Enfin. Le fait est que je suis dans les couloirs, et que Poudlard, la nuit, c'est pas beaucoup éclairé.

- Lumos, murmurai-je.

Le but n'étant pas de me faire repérée, je me déplace rapidement mais silencieusement, les escaliers me menant quelques étages plus haut. Ca doit être le sixième. Oh, de la lumière ! Mais elle vient de s'éteindre.

- Nox, dis-je, toujours en murmurant.

Histoire de ne pas me faire chopper par je ne sais qui, je préfère éteindre ma baguette. Je m'avance lentement et j'aperçois un truc bouger ; je me permets de demander doucement :

- Y'a quelqu'un ?

Wow, qui allume sa putain de baguette en plein dans ma face ?

-Tiens ..Miss Grieth, Que fais-tu ici, seule ..a cette heure pareille ?

Je sursaute. C'est qu'il m'a fait peur, aussi ! Imaginez-vous au sixième étage, dans le noir, et une voix soufflant derrière vous tout ça. Ouais. Ben j'ai frôlé la crise cardiaque. Je me retourne, faisant face à Drago.

- Malefoy. Je fais sûrement la même chose que toi, tu sais, réfléchir sur notre super relation familiale.

Je connais Drago, enfin, pas totalement. Disons que mon père est un ami du sien, ce qui nous a amené à se rencontrer quelques fois déjà. Et son père n'est pas bien commode ; un peu comme le mien. Je soupire et le regarde droit dans les yeux, mettant une main devant sa baguette qui m'aveugle.

- Tu veux pas éteindre ton truc, s'il te plaît ?

Je me dégage du champ de sa lumière et part m'asseoir un peu plus loin, posant ma baguette à côté de moi. C'est pas qu'il fait froid au presque dernier étage de Poudlard, où tout est en pierre et où rien n'a d'isolation, mais un peu quand même. Je n'ai même pas appris de sort qui émet de la chaleur - sauf celui de mettre le feu, mais il ne faut pas pousser - et je ne sais même pas si ça existe. Enfin. Je regrette un peu d'avoir quitté mon dortoir, là où ma couette n'attend que moi.

- Toujours une famille aussi chaotique, je présume ?

-Oui, on va dire sa comme ça. Et toi ? la tienne ? Toujours aussi ..étrange ?
- Etrange, hm ?

Je me lève, dos à lui, et me met à réfléchir. Peut-on vraiment qualifier ma famille d'étrange ? Certes, elle l'est. Mais ce n'est pas le sentiment qui me vient lorsque je pense à eux. Détruite ou encore chaotique, peut-être même quasi insignifiante.

- Pas étrange, non. Mais tu les connais. On ne peut pas vraiment les définir. Surtout que je n'ai pas du tout un point de vue objectif.

Je me retourne, lui faisant face, en entendant son ventre grogner et émet un petit rire. Bon dieu. Un ventre en plein gargouillement, ça résonne bien dans un étage vide, donc où l'écho n'est pas des moindres. Je fouille dans ma robe et trouve une petite tablette de chocolat, que ma mère m'a ramené de je ne sais où. Ca fera l'affaire, je pense. Je lui lance, histoire de vérifier ses réflexes.

- Laisse-moi seulement un carreau Malefoy, s'il te plaît.

Oui, eh bien, j'ai faim aussi. Les nourritures de cantine m'ont toujours effrayés ; je hais ne pas savoir comment ils l'ont fait, aussi magique soit-il.

- Si je ne vais pas me coucher dans l'heure qui suit, je serais totalement morte demain. Sachant que je ne vais pas me coucher dans l'heure qui suit, mon hypothèse se révélera vraie. Sinon, Malefoy, du neuf ?

J'avala rapidement la moitié de ma barre de céréales que m'offre Malefoy, le remerciant au passage. Une potion pour la complexité de nos problèmes serait pas mal.

- Oh, tu sais, d'un côté, heureusement qu'il n'y a pas de potion ou de formules pour tous nos problèmes. Sinon, ce serait trop facile, donc moins amusant.

Je regarde Malefoy qui s'éloigne doucement. Oh, il va où lui ? C'est pas que je ne suis pas rassurée seule, au sixième étage, dans le noir, mais un peu quand même. Je décide à le suivre, parce que, premièrement, j'ai envie de l'embêter un peu et, deuxièmement, eh bien, je suis au sixième étage. Sachant que ce crétin de blond a rangé sa baguette, je sors la mienne et lance le sort "Lumos". Je ne suis pas un chat, je n'ai pas la possibilité de voir dans la nuit, moi.

- Il manque plus que la musique dramatique avec les violons et on se croirait dans un film dramatique, Malefoy. Tu comptes aller où ?

J'affiche mon sourire en coin, le sourire taquin que j'utilise lorsque je parle au second degrès. Je pointe ma baguette en face de lui, me croyant dans une série policière ratée. Bon, je vais arrêter de jouer mon attardée. Je baisse ma baguette, histoire que ça m'éclaire juste mon chemin. Je m'avance un peu, histoire de le rattraper, et m'accroche à sa cape. Bah, faudrait pas que je me perde hein !