Hermione J. Granger
ϟ MESSAGES : 397
ϟ GALLIONS : 454
ϟ DATE D'INSCRIPTION : 21/07/2010
ϟ CARTE DU MARAUDEUR : Quelque part dans la bibliothèque.
 |  Sujet: Le Monde est Gris, le Monde est Bleu. | PV Kaya. Sam 21 Aoû - 20:29 | |
| Mercredi matin.
Je m’étais levée assez tôt ce jour-là. Oui, à nouveau, même si là nous étions encore en semaine. Mais cette journée n’était pas très chargée dans mon emploi du temps. J’avais rejoint la salle d'eau sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller mes camarades. Je fis une grimace de dégoût lorsque je vis mon reflet dans le miroir. Le teint pâle et les cheveux retombant paresseusement sur mes épaules, je ressemblais à quelqu’un qui avait peur. Tellement peur. Pas pour moi, mais pour les autres, ceux que j’aimais. Quelle que soit l'issue de la guerre, je savais que je perdrais un être cher, et ça, c'était dur à accepter. Devant le miroir, j’étais livide, se cramponnant au rebord de l'évier pour ne pas défaillir. Et pourtant, si je ressortais de cette salle de bains et que je croisais quelqu’un, je lui offrirais mon plus beau sourire pour qu’il ne se doute de rien. Jouer un rôle, toujours avoir à jouer un rôle…
Et si le mage noir gagnait. Alors là ce serait pire, je craindrais sans cesse pour la vie de mes proches. Je ne leur disais pas et le montrais à de très rares occasions, mais je les aimais de tout mon cœur. Je reniflai discrètement et essuya mes joues d'un revers de manches de pyjama. Pleurnicher d'avance n'avait jamais été d'une utilité probante. Je devais me ressaisir et activer mes neurones d'une façon plus constructive. J’achevai de faire ma toilette et m'habilla rapidement avant de descendre dans la salle commune des Lions, déserte à cette heure-ci. Je pris un livre pour patienter jusqu'à une heure un peu plus décente pour descendre déjeuner. Le livre de Forces du Mal justement. Il valait mieux avoir le ventre vide lorsqu'on entamait sa lecture, certains passages ayant un effet similaire au sortilège de videntrailles. Ce bouquin était comme un poison. Comment pouvait-on être assez cruel et sadique pour utiliser de tels sortilèges? Mais surtout, qui pouvait avoir un esprit assez dérangé pour inventer pareilles armes? J’étais complètement dépassée par tout ça. Je ne parvenais pas à imaginer quel genre de monstres avaient été ces gens. Même si on avait un exemple d’élève plus que probant : Tom Jedusor. C'était bien plus terrifiant que toutes les histoires d'horreur qu'on racontait aux gamins avides de sensations fortes.
Pire: tous ces sortilèges étaient bels et bien réels.
Une heure plus tard, j’étais toujours absorbée dans ma lecture alors que les premiers élèves émergeaient doucement de leur dortoirs. Personne ne sembla étonné de me trouver étrange déjà debout et au travail. A vrai dire c’est un spectacle auquel ils sont habitués depuis cinq ans, maintenant. C'était amusant de voir descendre les escaliers les uns à la suite des autres, à pas lents, encore perdus dans le souvenir de leurs rêves ou bien rêvant qu'ils ne s'étaient pas levés et pouvaient profiter de leur lit un moment encore. C'était aussi l'heure des première conversations, banales et peu exhaustives. Quelques mots de politesse échangés pour aider à se réveiller doucement. Mais les vrais bavardages commenceraient une quinzaines de minutes plus tard, dans la grande salle.
« She lives in a fairytale, but the nightmare is in front of her… »
Renonçant à mon étude, je range mes affaires et descends. Je me dirige lentement vers la Grande Salle, qui comme je m'y attendais, se remplissait progressivement. Il était encore tôt. Je m'installa à l'écart de la poignée des Gryffondors déjà présent et me servit sans conviction. Le porridge me parut fade, le bacon sans saveur et les œufs bien mous, quant au jus de citrouille, c'aurait pu être de l'eau, ça n'aurait pas fait de différence à ses yeux.
N'ayant pas cours avant dix heures, j’avais encore du temps devant moi. Retourner en salle commune ne m'enchantait guère. Restait la bibliothèque. Sauf qu'aujourd'hui l'atmosphère confinée de ce lieu sacré ne me disait rien. Bizarre, hein ? Je devais sûrement être malade. J’avais besoin d'air, de me changer les idées. Instinctivement, je passai la grande porte et sortis dans le parc. Il faisait gris dehors, mais pas particulièrement froid, comme si le ciel hésitait lui aussi. Pluie ou soleil ? Après tout c’était digne d’un début d’hiver. N'arrivant pas à trancher il avait opté pour un compromis en attendant que l'un l'emporte sur l'autre. Un peu comme dans la vie. J’avais cru à cet équilibre précaire. J’avais été tellement persuadée que si je faisais profil bas il ne m’arriverait rien, comme j’avais espéré que tous ses proches s'en sortent quel que soit le vainqueur. J’eus un rictus amer. Cette année apparemment, les Serpentard s’étaient concerté sur les manières les plus efficaces pour m’écraser, encore bien plus que les autres années.
Mes pas me conduisirent au Terrain de Quidditch. Arquant un sourcil, je m’y refourguais et contournait les allées de sièges de spectateurs. Je soupire et m’assoit sur la troisème rangée des gradins, laissant lourdement retomber mon sac rempli de livres sur le sol. La vie était mal faite, mais je n’y pouvais rien. Ca ne sert à rien de se lamenter pour autant. Alors je m’adossai contre la petite banquette, sortit ma baguette, un morceau de parchemin déjà couvert de quelques notes, de l'encre, une plume, une bobine de fil et m'entraînai à la métamorphose, essayant de maîtriser la transformation de mon mieux, peut être en accentuant le mouvement de poignet, ou bien en étant plus vive. A chaque essai, je prenais quelques notes pour tenter de m'améliorer et trouver le geste parfait. Une longue dissertation de potions et des exercices d’arithmancie m’attendaient ensuite.
Travailler et me concentrer sur la métamorphose était un bon moyen de ne plus penser au futur hasardeux. Et puis, peut être qu’au fond, inconciemment, j’attendais qu’un certain rouquin à l’allure un peu maladroite vienne s’entrainer, en vue de la saison de Quidditch qui n’allait pas tarder à commencer.
|
|
