Je n'ai jamais fait partie de ces gens solitaires, ces personnes qui s'éloignent du monde extérieur. Et pourtant, en ce samedi matin, j'avais plus que tout besoin de cette fameuse solitude, quasiment inconnue à mes yeux jusqu'à aujourd'hui. Je chaussais mes ballerines noirs, et je me faufilais à l'extérieur de la salle commune, armée d'un rouleau de parchemin, d'une plume à sucer de chez Zonko et d'un livre de métamorphose. Autant affronter la solitude avec quelque chose. En ouvrant la grande porte, le vent était tellement glaciale qu'il me coupa le souffle. Je me donnais un coup de livre sur la tête en réalisant ce que je m'apprêtais à faire. Moi, Léonora Walker, élève moyenne, j'allais en plein hiver, un samedi à l'aube, faire mes devoirs, et seule, de surcroit ? Je descendais le petit chemin menant au lac en me demandant quel Ronflak Cornu m'avait piquer. Cette idée me fit sourire. J'avais l'air d'une folle furieuse à une heure pareil, une tarée qui rigolait toute seule.

Je descendais la petite pente, menant au lac gelé. Je n'étais pas du genre à faire les choses à moitié. Si ce matin, je m'étais réveillée avec une envie de solitude, autant faire les choses jusqu'au bout, et aller dans l'un des endroits les plus reculés du parc. Mes cheveux volaient en tout sens, ma cape ondulait derrière moi à l'instar du professeur Rogue et mon visage prenait une teinte blanchâtre. Sexy.

Arrivée à destination, j'observais les légères vagues qui faisaient onduler la surface d'ordinaire lisse du lac. Sûrement un coup du poulpe. Je m'accroupissais au milieu des herbes folles et me plongeais dans mon livre en poussant un soupir magistral. Au moins, j'étais tranquille pour faire mes devoirs. Ça changeait de l'ambiance de la salle commune, me dis-je pour essayer de me rassurer, ce qui ne fit que me provoquer un affreux pincement au cœur. A peine avais-je commencer à sucer ma plume en sucre que j'entendis un craquement non loin de moi.

En entendant ce fameux craquement, je jetais un coup d'œil derrière moi. Mais qui vois-je ? Une élève de Serpentard, plutôt grande et aux cheveux d'un noir de jais qui me dévisageait, un affreux rictus dessiné sur le visage. Je refermais mon livre d'un mouvement brusque, je jetais ma plume au beau milieu d'une touffe d'herbe et je me levais, pour faire face à cette élève.

- Tiens, tiens, qui es-tu jeune Gryffondor ? Que fais-tu là ? dit-elle, un sourire hautain sur le visage.

Ce genre de prototype était hilarant. Cruel. Hautain. Progéniture de Mangemorts. Gosse de riche. Serpentard. Ils couraient de plus en plus les rues ces élèves-là. Et celle-ci en était la représentation parfaite. Je soupirais. Tout en plissant ma jupe, je répondis :

- Je te retourne la question. Oh, et puis, inutile de s'embarrasser avec les formalités. Pas besoin d'essayer d'être poli, ton numéro de charme, tu le fais à tout le monde. Qu'est-ce qui te fait donc tant plaisir à jouer avec tes victimes ? Mais sache, avant de répondre, que pour moi, ça ne marchera jamais.

Ces derniers temps, je montais plus vite sur mes grands chevaux. Mais, que voulez-vous, ces Serpentards tous identiques, tous hypocrites, me rendaient plus rapidement folle de rage. Je m'avançais d'un pas, mais, je regrettais mon geste ; la Serpentarde me dépassait de quelques bons centimètres. Mais en bonne Gryffondor, et surtout malgré mon 1 m 73 tout juste, j'attendais la réponse, ou la provocation de cette Vert & Argent, un sourire identique au sien sur les lèvres.

Qu'avaient donc t-ils tous à me mettre dans cette état ? A cette pensée, je me dis que je n'avais qu'à laisser tomber, les ignorer, tous ces fils à papa, et leur paroles débiles. Quoique non, j'étais Léonora Walker. Et si la Serpentarde s'imaginait qu'elle était en train de me provoquer, elle était loin du compte.