La bibliothèque a beau être mon échappatoire et mon repère de toujours, j'avoue que c'est le seul lieu où je m'y sens pleinement en sécurité désormais. Comme si les nombreuses rangées de livres suffisaient à elles seules pour bloquer n'importe quels sorts, comme si c'était une forteresse infranchissable, et que quiconque s'y trouvait n'aurait rien à craindre pour sa vie. C'est peut être ridicule, mais c'est ce que je ressens dès que j'entre dans une pièce. Un peu comme une deuxième maison, bibliothèque sorcière ou moldue, bien que Poudlard occupe déjà cette place dans mon cœur. Et un jour de pluie comme ça, ne faisait qu’accroître cette envie de me retrouver entourée de gros bouquins poussiéreux, chargés d'histoires et d'anecdotes. Mon cours d'étude des runes une fois terminé, je pousse un soupir de soulagement. Ça ne me ressemble pas vraiment, mais si cette matière me passionnait en troisième année, il devient lassant...C'est toujours la même chose! Mais je n'ai pas de mauvaise foi pour la peine, la preuve, je n'ai jamais séché un seul cours, je préfère encore m'y ennuyer plutôt que de manquer de respect à un professeur. Je range rapidement mes affaires puis je quitte la salle de classe, passant tout de même par la salle commune des Gryffons pour déposer mes affaires. Je jette un coup d’œil autour de moi, mais pas de trace d'Harry ou de Ron. Je fais la moue, me demandant où ils ont bien pu passer puis je quitte la salle commune à mon tour, empruntant le chemin de la bibliothèque.

Une fois arrivée, j'arpente les différents rayons de livres, même si pour la plupart, je les connais tous par cœur. Tous? Non, peut être pas ceux portant sur les créatures magiques. Peut être parce que je me suis toujours sentie assez informée, via Hagrid? Mais à part les hippogriffes, il est vrai que je ne me suis jamais complètement intéressée à ce domaine. Pourtant, il n'est jamais trop tard pour s'y mettre, et je n'ai aucune autre distraction sous la main pour le moment. Changeant de direction, je me dirige vers les rayonnages consacrés aux créatures magiques. Il y en a beaucoup plus que ce que je pensais! Il faudrait peut être que je pense à ne plus sous-estimer cette matière à l'avenir. Je laisse passer mes doigts sur la reliure de plusieurs ouvrages, inclinant légèrement la tête pour pouvoir lire les titres de ces-derniers. Parmi eux, Comment s'y prendre pour nourrir un hippogriffe en toute sécurité. Je le prends, un petit sourire aux lèvres et une pointe de nostalgie m'envahissant, repensant à Buck et à sa première rencontre plutôt...Tumultueuse. Crabe de Feu, Strangulot et Vers à Crasse, ils sont tous là. Prenant appui contre l'étagère se trouvant derrière moi, je continue de feuilleter plusieurs livres à la suite. Même si n'étant pas réellement habituée à cet univers, je bute sur quelques mots employés, c'est tout de même intéressant.

L'heure du dîner n'est pas encore prête d'arriver, et les autres Gryffons demeurant introuvables, je décidai donc de rester sagement dans l'enceinte de la bibliothèque jusqu'à ce que mon estomac décide de se manifester.Mais alors que je me retourne pour reposer un livre sur l'étude des centaures et leur croyance si appuyée en l'astrologie, je sens quelqu'un me bousculer un peu et s'excuser presque tout de suite après. Me tournant vers cette voix qui ne m'était pas beaucoup familière, je tombais nez à nez avec une jeune fille blonde, et de Serdaigle, si j'en crois son blason. La maison où j'aurai normalement du me retrouver si le choixpeau n'avait pas décelé une pointe de courage en moi. Haussant les épaules, je lui adresse un sourire avant de prendre la parole à mon tour.

« - Il n'y a pas de mal, t'inquiètes pas. Tu t'intéresses aux créatures magiques? »

Demandais-je après avoir rapidement examiné l'ouvrage qu'elle tenait dans sa main. Ça pourrait ne pas être le cas, elle pourrait tout simplement être obligée de faire un devoir dessus, mais ça me surprendrait quand même. Il y a un petit moment que je suis dans ce rayon maintenant, mais même sans lever le regard, je ne m'y sentais pas seule; il s'agissait peut être d'elle.

Quelque part, ça me faisait plaisir de voir que quelqu’un, qui n’appartient pas forcément à Serdaigle si j’en crois son blason, s’intéresse aux livres malgré tout. Aussi simpliste que ça pouvait être, ça me réconfortait quelque part de voir que je n’étais pas la seule à pouvoir m’évader complètement de la réalité, rien qu’avec un livre entre les doigts, et peu importe de quoi il pouvait bien traiter. Je prends sous le bras celui que je feuilletais depuis quelques minutes maintenant, avant d’incliner un peu ma tête sur le côté, afin de vérifier le titre et la couverture de son ouvrage. Effectivement, c’était bien dédié aux animaux moldus…Mais, je croyais qu’en général, les moldus étaient soit méprisés, soit traités indifféremment ici ? A moins que je sois tombée sur l’une des nées moldues de l’école, ce qui m’arrangerait ; de plus, j’ai lu quelque part il n’y a pas longtemps que le nombre avait augmenté ses dernières années à Poudlard ; tant mieux d’un côté...Et ça me donne quand même du souci de l’autre. J’imagine qu’on est des victimes de premier choix pour l’autre camp, et ils n’hésiteront pas à passer leurs nerfs sur les plus faibles. Allons Hermione, cesse de penser à cette guerre et concentre-toi sur le sujet du moment. Les livres, tu peux, non ?

« - Oui, elles sont intéressantes à étudier. Je préfère les créatures aquatiques d’ailleurs. Mais vu que je suis issue d’une famille Moldue, j’avoue que j’ai une petite préférence pour les leurs. » Arrivais-je à répondre, et avec un sourire en prime. C’était déjà ça. Depuis quelques temps je ne pouvais plus parler de rien d’autre que de ce qui nous attendait, c’était assez pénible ; rien n’avait encore commencé que je me mettais déjà dans des états pas possibles, lorsque je me retrouvais seule. Je n’ose même pas m’imaginer ce que sera l’après…Avec toutes ces victimes et les dégâts matériels. S’ils réduisent Poudlard en cendre, ça sera une part de moi qui sera morte avec l’école.

Je remarquai que la jeune fille n’était pas forcément très à l’aise avec les relations avec les autres. Un peu comme je l’étais avant de rencontrer Harry et Ron, ce sont eux qui m’ont «forcé» à sortir de ma coquille un peu. A moins que ce ne soit avec les gens de ma maison ? Pourtant, il n’y a jamais eu vraiment de discordes entre Poufssoufle et Gryffondor. Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de lui faire un petit sourire. Si elle a quelque chose de plus important à faire que de faire causette au milieu de livres, je la comprendrais. Je me réhausse un peu sur l’étagère devant moi avant de poser le livre sur mes genoux. Je me mets à l’ouvrir au hasard, avant de tomber sur la description et les lieux de vie du Magyar à pointes. Ah tiens, il me dit quelque chose celui-là…Il nous a causé quelques petites frayeurs, il y a trois ans celui-là. Je souris un peu en y repensant puis je montre la page à la Poufssoufle.

« - Si ça avait été moi à la place d’Harry sur le balai, j’aurai vite finie grillée. » Je ris un peu avant de reposer le livre ; je suppose qu’elle connaît Harry, ne serait-ce que de nom ou de visu dans l’école. Et puis, pour ce qui est du balai…Je n’avais pas retenté depuis que celui qui m’avait été destitué ne m’obéissait pas ; je ne suis pas patiente, alors forcément que ça m’énerve plus rapidement qu’autre chose.

J’avais beau être à Gryffondor, la maison du courage et de la débrouillardise, mais les dragons, de près comme de loin…Non merci, ça n’était vraiment pas ma tasse de thé. Par contre, je voulais bien admettre que certains sont beaux, et je comprends ceux qui en sont passionnés, ce sont des créatures comme les autres après tout. Peut être est-ce du au fait que je leur préfère les créatures aquatiques, que moi et les dragons, ça n’accroche pas vraiment ? Même si je penche plus pour une sorte de phobie, depuis ce fameux Tournoi des Trois (ou je devrais plutôt dire «des Quatre» Sorciers). En voyant toute la concentration et la passion qu’y mettait la jeune fille alors que je venais à peine d’évoquer le magyar à pointes, je laissais un petit rire s’échapper de mes lèvres, mais ce n’était nullement moqueur. On a tous un domaine où l’on se différencie des autres parce qu’on y met toujours plus d’enthousiasme et d’énergie. Moi c’est les livres et toute l’histoire qu’ils peuvent renfermer, elle les créatures magiques et plus encore les dragons d’après ce que j’ai compris et je ne risque pas de l’en blâmer, c’est quand même plus aventureux comme hobbies que d’être capable de rester des heures et des heures enfermée derrière une montagne de livres en tous genre, comme je le fais… Je me surprends même à penser que cette jeune Poufssoufle s’entendrait à merveille avec Charlie, l’un des frères de Ron qui lui aussi, vivait exactement pour la même passion.

« - C’est vrai qu’il était plus que coriace. À choisir, le vert gallois semblait un peu plus amadoué, Fleur a eu de la chance. Enfin, de ce que j’en dis...Je n’en connais pas beaucoup sur le sujet et je suppose qu’on doit s’attendre à tout avec eux. Ce n’est pas le genre à laisser les humains faire ami-ami avec eux, je me trompe ? » Je range à mon tour le livre dans son rayon et le regarde regagner sa place par lui-même. Peut être que si j’avais pris les cours d’Hagrid ou de Madame Gobe-Planche un peu plus au sérieux, j’aurai réussi à être aussi incollable qu’elle sur des créatures, leur mode de vie, leurs habitudes, leur environnement… ? J’avais toujours trouvé les créatures du programme juste à la mesure de ce qu’on attendait de nous, pas trop dangereuses ni trop difficiles à «manier» mais au final, ce n’était qu’ennuyant…Au final, les idées saugrenues d’Hagrid amenaient toujours un peu de piquant à cette matière qui n’était pas réellement vue à la même hauteur que toutes les autres, comme l’avait si bien fait remarquer Ombrage il y a déjà dix ans. En parlant de cette furie rose, je me demande bien où est-ce qu’elle se trouve tiens…Au ministère ? Ca lui ressemblerait assez, à vouloir restaurer un soi-disant «ordre», mais fichant une belle pagaille parmi les employés du ministère. Pourquoi est-ce que je pense à ça, moi ? Ce n’est pas ce dont elle me parle elle me semble, et si elle me voit ainsi plongée dans mes pensées, elle va prendre la mouche ou penser qu’elle doit s’éclipser, et je vais me retrouver comme une idiote, toute seule, au milieu de toutes ses rangées de livres traitant tous de différentes espèces de créatures, magiques comme moldues.

Secouant légèrement la tête, je reportais mon attention sur la jeune fille, qui à moins d’être mal à l’aise, ne semblait pas réellement savoir quoi rajouter d’autre. Lui offrant un sourire qui se voulait amical et rassurant, je portais mon regard vers son blason, m’efforçant de m’interdire de penser à Cédric (parce que de toutes les façons, penser à Cédric était un synonyme de «penser à Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom »), je lui tendis ma main. « - Je m’appelle Hermione, Hermione Granger. » Fis-je en faisant l’impasse sur mon deuxième prénom, parce que peu de gens s’en souvenaient, et que moi-même, je n’y prêtais pas plus d’attention que ça. Puis, reportant mon regard sur son blason, je lançais : « - J’aime bien ta maison. Enfin je veux dire, presque toutes les maisons de Poudlard ont des clichés, sauf celle-ci. Elle se démarque des autres, et c’est bien je trouve. »