… Parfois, il arrive que des mots vous restent coincés dans la gorge pour différentes raisons. Soit, parce que vous n'y croyez pas vous-mêmes, soit la peur ou l'appréhension les paralysent-elles et les empêchent de pouvoir s'exprimer correctement. Non parce que, cela ne pouvait pas être... Il avait pensé en une seconde ce qu'elle essayait de lui faire comprendre, mais cette seconde fut bien courte et cette pensée fut écartée. Non, cela ne pouvait pas... Et une appréhension se mit à vibrer dans son estomac. Elle venait de hocher la tête … Elle venait de hocher la tête ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce que cela voulait-il dire ?! Elle approuvait quoi ? … Comment pouvait-il être de leur famille ? C'était forcément de la sienne. Pas de la sienne, à lui. Assurément pas. Ce n'était pas possible... Il ouvrit la bouche, s'apprêtant à lui demander ce qu'elle avait voulu confirmer par son hochement de tête ? Mais il referma la bouche sans qu'aucun son ne fut sortit. Il aurait presque voulu que son regard lui confirme qu'il se trompait... D'ailleurs, que signifiait-il exactement, son regard ? Pendant quelques secondes il essaya de décrypter quelque chose au fond d'eux qui lui dirait sans détours ce qu'elle essayait de lui dire depuis plusieurs minutes à présent parce qu'il ne pouvait absolument pas croire ce qu'il avait pensé pendant une seconde... C'était impossible. C'était trop tôt, beaucoup trop tôt, en sachant que Tonks lui avait couru après pendant des mois avant qu'il n'accepte enfin de se laisser à croire qu'il pouvait être aimé comme n'importe qui. Ils s'étaient mariés quelques mois auparavant et Remus avait encore du mal à croire à la chance qu'il avait eu, mais non, c'était encore trop tôt... Non il ne pouvait pas y croire ! Dora allait certainement lui révéler la vraie explication...

Il s'attendait à ce qu'elle lui réponde quelque chose. Il s'attendait à ce qu'elle lui parle, mais il n'en fut pas le cas. Au lieu de cela, elle lui attrapa la main avec sa douceur et délicatesse habituelle pour la poser... Sur son ventre ! Il sentit son cœur rater un battement. Non, c'était impossible, il devait y avoir une autre explication... Elle avait mal au ventre c'est cela ? Et elle voulait un massage ? Peut-être avait-elle mal quelque part ? Il en sentait son cœur se serrer d'avance, parce qu'il n'aimait pas ne serait-ce l'idée de la voir souffrir... Il connaissait trop ce concept, il l'avait trop expérimenté trop souvent, pour pouvoir imaginer seulement ses proches souffrir. Il ouvrit la bouche, mais celle-ci se referma sans avoir dit quoique ce soit. Elle lui tenait toujours la main qu'elle tenait posée sur son ventre. Comme s'il voulait s'assurer encore qu'il se trompait et qu'il avait comprit tout de travers, il faillit lui demander si ça allait ? Ou si elle avait juste mal quelque part... ? Il savait que sa voix aurait été plus rauque que jamais. Mais quelque chose dans son regard l'en dissuada... De même que son sourire radieux. Non, elle ne semblait pas avoir mal ou souffrir... C'est alors qu'il n'y eut plus aucun doute car elle venait de confirmer par des mots ce qu'elle voulait lui dire. Il était sous le choc c'est le moins que l'on puisse dire. Il ne savait pas comment prendre cette nouvelle ? Une bonne, ou une mauvaise ? Une inquiétude se diluait en lui mais elle dispersa cela lorsqu'elle se pencha pour venir l'embrasser avant qu'ils ne se séparent quelques secondes plus tard, lui permettant ainsi de regrouper ses pensées. C'est alors qu'une émotion l'étreignit fortement tandis qu'il peinait à déterminer exactement ce qu'il ressentait.

« Je... Tu... Une famille... Notre... Parents... », répéta t-il plusieurs fois plus pour lui-même que pour quelqu'un d'autres, comme s'il n'y croyait pas , ou comme s'il voulait essayer de donner plus de réalité à ces mots. Il allait devenir père... ? Des gouttes d'eau se mirent à briller au fond de ses yeux alors que sa gorge se serrait, l'empêchant de prononcer quoique ce soit d'autres... Il avait abandonné tous espoirs depuis longtemps d'avoir un enfant bien à lui et de qui s'occuper... Il aimait s'occuper des autres, il aimait leur apprendre pleins de choses qui leur servirait plus tard... On disait de lui qu'il était un bon professeur... Il allait avoir un enfant, rien qu'à lui, enfin qui était de sa chair et de son sang … ? Il avait trente sept ans, mais semblait impressionné, ou chamboulé, par le simple fait d'avoir un... Un enfant.

Pendant des années, il avait pensé que cela ne pourrait jamais lui arriver, à lui, parce que ce n'était pas quelque chose pour les gens comme lui. Il avait fini par faire une croix dessus et le fait qu'il pouvait avoir une vie normale... Il suffisait que Tonks débarque pour faire chambouler tout son quotidien, ses habitudes, sa vie... Il n'avait jamais pensé qu'il aurait un jour pu être père. Non, cela lui était interdit. Les Loup-garous ne pouvaient pas. Leur vie était trop instable et tout le monde les rejetait pour ce qu'ils étaient, sans compter que l'on était en guerre... Ce n'était pas une époque pour des enfants. D'ailleurs il avait tout simplement toujours pensé que les Loup-garous ne pouvaient tout simplement avoir d'enfants. Ils étaient des Hommes – ou des femmes – mais il pensait que la lycanthropie agissait génétiquement sur cela aussi. En brisant son enfance, il pensait que Greyback n'avait pas que briser son présent mais également son avenir ; il ne s'était donc jamais demandé s'il aurait voulu des enfants, parce que de toutes façons, cela lui était tout simplement impossible. Il faudrait déjà qu'il trouve une personne qui l'accepterait comme il était en faisant fi des préjugés et de la pensée des gens... Et il faudrait également qu'il accepte de lui imposer cette situation sans en ressentir de l'égoïsme. Il avait voulu y croire, mais...

Il ne s'était jamais demandé si cela lui plairait donc d'un jour fonder une famille, parce qu'il ne pouvait pas tout simplement . Il n'avait jamais non plus jamais pensé à lui. Et après avoir une première fois chambouler sa misérable existence, Tonks venait de nouveau de chambouler toutes ses pensées et ce qu'il n'avait cessé de croire ? Il ne savait pas ce qu'il ressentait.... De la joie ? C'était diffus... Il ne savait même pas s'il se sentait capable d'élever un enfant. De la peur ? Certainement... Famille, parents. Ils allaient passer de deux à trois ? Attendez, non... C'était trop à emmagasiner en même temps là. Beaucoup trop et il ne pouvait pas même parvenir à organiser ses idées, ses pensées dans l'esprit sans dessus dessous qu'avait provoqué cette annonce. Dans le ventre de Tonks, et ses yeux se baissèrent en pensant ces mots, se trouvait un tout petit être pour le moment qui était né deux deux … ? La Magie, c'était ça ? Il... Elle portait en elle quelque chose qui était le mélange d'elle, et de lui... ? Un petit... Un petit Lupin ? … Il avait toujours pensé qu'après lui, le nom des Lupin, s'éteindrait, qu'il n'y aurait personne pour le faire perdurer... C'était incroyable, et presque inespéré... Sa première réaction fut l'émotion qui l'étreignit tout entier et comme on dit, c'était toujours la première qui était la meilleure, et sa seconde réaction fut de la prendre dans ses bras pour le serrer contre lui, peut-être en partie pour ne pas qu'elle se rende compte de l'unique larme qui n'avait pu s'empêcher de couler le long de sa joue... Dans ses bras il prit la femme qu'il aimait, celle qui portait désormais son héritier inespéré, celle qui portait à présent le fruit d'un amour si chéri mais si durement gagné... Un espoir. Le lycan ferma les yeux plus fort en tentant de noyer l'émotion qui l'étreignait et qu'il parvenait à peine à diriger...

… Et à présent il regardait ses mains. Il avait baissé les yeux vers ses mains comme s'il était presque gêné de lui demander cette faveur... Faveur ? Comme s'il avait besoin de son autorisation pour toucher son ventre... ? Comme s'il craignait aller la déranger. Pourtant, ce n'était pas comme s'il ne l'avait jamais touchée auparavant hein... Parce que, vraisemblablement déjà, comment aurait-il fait pour la mettre enceinte s'il ne l'avait pas touchée, hein... ? Oui, les croyants vont certainement me répondre, par le saint esprit. Mais non, je vous assure que le Saint Esprit ou n'importe qui d'autres n'a rien à voir avec cela là hein. Ils savaient encore ce qu'ils faisaient de la nuit hein... S'ils s'endormaient aussitôt ou si, bref, je ne vais pas vous faire un dessin... Quoiqu'il en soit, il avait baissé les yeux sur ses mains, comme s'il était honteux, et pour s'empêcher de les tripoter nerveusement, il les avaient resserré sur ses genoux. Pourtant, il n'avait aucune honte à avoir ; aucune gène. La vie de quelqu'un d'autre. Il avait cette impression. Celle d'avoir la vie de quelqu'un d'autres ! Pourtant, il n'en était rien... Mais, au fond de lui, il avait cette étrange impression. C'était si normal pour beaucoup de gens d'avoir une épouse et des enfants... Pour lui, c'était le cadeau du siècle, un présent qu'il n'aurait jamais oser espérer parce qu'il ne le méritait guère... Avait-il pensé, avant de connaître Tonks du moins, avant d'accepter du moins d'être comme les autres, avant même ce jour-là où il venait d'apprendre qu'il allait être père... C'était le plus cadeau qu'on aurait pu lui offrir, un présent incroyable, et il n'y croyait même pas encore tout à fait... Tout cela justifiait son regard ému. Une douceur et une tendresse déjà naquit qu creux de son ventre pour ce morceau de lui mixé à une partie de Tonks, qui grandissait depuis déjà trois mois dans me ventre de sa mère... Tandis que Remus l'ignorait tout simplement. Il avait vécu ces trois mois dans l'ignorance de ce qui se passait déjà à ce moment-là... Il avait l'impression d'avoir oublié quelque chose dont il venait tout juste de se souvenir. On a tous ressenti cette impression un jour ou l'autre.

… De quoi un enfant avait besoin ? Parce que vraisemblablement, il ne faudrait pas se poser la question trop tard. Il faudrait qu'il voit cela... Est-ce que son salaire de professeur intérimaire dans cette école moldue suffirait ? Il était prêt à se priver et même travailler pour trois pour offrir une vie convenable à sa famille, ça, ce n'était pas un problème. Il devrait peut-être changer d'emploi cependant, trouver un travail plus stable... Même si, on lui reprochait rien dans l'actuel et que donc sa place n'était pas en danger, mais il n'était qu'en remplaçant... Et quand celui qu'il remplaçait reviendrait, il fallait qu'il pense déjà à trouver un autre emploi. Peut-être que le salaire que touchait Tonks en tant qu'Auror ne suffirait pas... Il fallait qu'il pense à subvenir aux besoins de sa famille. Plus mois plus tôt il s'était demandé en quoi une vie à deux changeait beaucoup d'une en vie en célibataire... Maintenant il devait se demander ce qu'un enfant apportait à la vie d'une famille et ce qu'il avait besoin pour que son épanouissement soit complet... Craignant toujours de n'en pas faire assez et ainsi de perdre ce qu'il avait de plus cher, Remus faisait toujours plus que son possible pour contenter ses proches. Il était heureux quand ils étaient heureux.

… Hein ? Si elle était en bonne santé ? Evidemment qu'elle l'était. Elle le devait en tous les cas. Il était juste impossible, impensable que cela désagrège sa santé ! Il était certes content – c'est le moins que l'on puisse dire même si Remus est plutôt secret sur ses pensées, l'émotion se dégage de lui davantage par les yeux...- mais il ne voulait pas qu'il lui arrive malheur pour cette raison ! … Il tut les mots qu'il sentit naître dans sa gorge et fit taire également son inquiétude bien que l'alarme était lancée par ses yeux. Il esquissa un léger sourire par la suite tout en l'écoutant poursuivre. Etonné, il haussa un sourcil. Vrai, on pouvait déjà entendre son cœur... ?! Les mystères de la vie le surprendrait toujours … En même temps, il n'avait pas semblé les connaître beaucoup, et à vrai dire, s'il avait commencé à les connaître grâce à ses amis les Maraudeurs, cela s'était interrompu lorsqu'il les avait perdu... Pour reprendre seulement quelques mois auparavant lorsqu'il avait rencontré Nymphadora pour la première fois... Vive, enjouée, la joie même irradiant d'elle, et par la même, la vie. D'un seul coup, il eut envie d'entendre son petit cœur... Qui devait être bien petit d'ailleurs... Et son cœur, rien qu'à cette pensée, se mit à battre plus fort. Il fut un peu déçu de savoir qu'il ne pouvait l'entendre... Il aurait bien aimé lui parler... Lui parler... Il se rendit compte de la stupidité de ce qu'il venait de dire ? Lui parler ? N'aurait-il pas l'air stupide de lui parler, l'oreille collée contre le ventre de Tonks... ?... Il fut coupée de ses pensées en sentant une pression sur sa joue lorsqu'elle voulut le rassurer sur son inquiétude précédente... Vraisemblablement, son regard parlait davantage que s'il parlait en direct étant donné qu'elle avait deviné sa pensée. Il voulut esquisser un mince sourire mais ne parvint qu'à faire une sorte de sourire ressemblant plus à une grimace quand bien même ses mots le touchèrent pile là où ils devaient aller : Au cœur. Mais est-ce que lui ne s'en voudrait pas si cela se produisait, s'il héritait de... ? Il ne voulait pas que... Il voulait qu'il soit normal... Ou elle. Il ne pouvait pas dire qu'il était vraiment plus rassuré, bien qu'il l'aurait voulu, mais tant qu'ils n'auraient pas de certitudes, il s'inquièterait toujours à ce propos... Il tenta cependant de s'en convaincre et pour se faire, il répondit avec conviction...

« … De... De toutes façons, il te ressemblera plus qu'à moi ! » affirma t-il avec force et détermination en essayant de s'en convaincre lui-même... Pendant un moment, il la regarda se lever puis se placer devant lui en se demandant ce qu'elle faisait exactement, avant de se souvenir de ce qu'il lui avait demandé... C'était vrai, il pouvait... ? Qu'il était ridicule, évidemment qu'il le pouvait... Elle venait de le lui dire. Il leva cette main, avec hésitation et le posa sur son ventre, doucement. Il posa sa main à plat. Pendant quelques secondes il demeura ainsi, ne sentant rien comme attiré par un aimant ou une force plus puissante que sa propre volonté, il approcha la tête et son oreille vint se coller au ventre, comme s'il voulait lui-même retourner dans le ventre de sa mère ! … Comme il lui était déjà arrivé de faire mais les fois dernières, ce n'était pas pour tenter de capter quelque chose qui venait de l'intérieur... Auparavant c'était juste un geste de tendresse et puis il aimait bien juste ce simple contact – là il avait conscience que quelque chose vivait et grandissait dedans et il le recherchait. Quand bien même lui eut-elle dit qu'il ne pouvait pas l'entendre, il se mit à murmurer un petit « Coucou » d'une voix presque inaudible, puis d'une voix un peu plus assurée... « Coucou c'est papa... » Il eut juste l'impression d'être bon à enfermer dans un asile...

Quelqu'un d'extérieur à la scène les aurait observé par la fenêtre aurait sûrement trouvé très amusant la scène. Une oreille collée sur le ventre d'un côté, et une main posée aussi de l'autre côté, d'un seul coup il se figea et blanchit, comme si quelque chose venait de le surprendre. En fait, il ne savait pas trop s'il venait de l'imaginer ou pas ; peut-être le fait qu'il avait absolument voulu entendre quelque chose avait-il influencé le fait qu'il avait cru entendre quelque chose, mais il lui semblé sentir un petit coup... Il sursauta brusquement. Cela l'avait tellement soufflé qu'il s'était mit à pâlir soudainement et il fut incapable de prononcer un mot… Il se recula subitement, le regard égaré et en bredouillant quelque chose qu'il ne comprit même pas... « Je... Je... Il... Non pardon, j'ai cru... » Puis, il se ressaisit et se renfrogna en lui-même... Qu'il avait l'air stupide d'un seul coup. A mourir de rire. Son cœur battait encore la chamade. Sans doute que tout le monde était ainsi lorsqu'ils venaient d'apprendre que leur épouse attendant un enfant... ou qu'ils avaient cru sentir le bébé bouger dans le ventre ? Cru... Il n'était pas sûr...

« Je... J'ai l'air stupide n'est-ce pas… ? », rajouta t-il confus, alors qu'il baissait sa main pour la ramener sur le canapé où elle se mit à lisser les plis du canapé – inexistants il faut le préciser. Il se sentait d'un seul coup si stupide... Tous les nouveaux papas passaient par ce stade... ? Si rencontrer Tonks avait semblé le rajeunir indubitablement, la présence d'un enfant – de son enfant – allait-elle le faire retomber totalement en enfance ? … Fait étrange quand on songeait que Greyback lui avait volé sa première enfance... En tous les cas, il ferait tout pour qu'on ne la vole pas à son fils. L'enfance, c'était important. Honteux, il se força à rire de lui-même, de son attitude. « Oui, j'ai l'air stupide. », reprit-il alors qu'il croyait apercevoir un sourire amusé sur le visage de Tonks... Moqueur ? Non Remus, elle se moquerait jamais de toi... Ce n'était pas possible. En tous les cas il se sentait juste stupide. Pour changer de sujet et dévier un peu, il fronça les sourcils et ajouta, plus à son adresse qu'à celle de de quelqu'un d'autres et puis il ne s'appellerait pas Remus s'il ne voulait pas tout prévoir à l'avance...

« Je vais déjà commencer à rechercher un autre travail. M. Henry revient dans quatre mois. Il faut prévoir. »

… A moins que ce soit juste aussi pour se persuader qu'il était parfaitement capable, comme d'autres avant lui, de subvenir aux besoins de sa petite famille ? Parce que passer passer de un à deux, c'était déjà quelque chose, mais passer de deux à trois... En sachant qu'il ignorait totalement des besoins bébé à sa naissance. Ils avaient 6 mois environ pour tout préparer... Tout d'un coup cela lui sembla fort peu ! Dès demain il devait absolument s'occuper de ce petit problème !

… Rien qu'à la pensée de la naissance, il ressentait de drôles de gargouillis au fond de son ventre...

Il était cependant étonné qu'elle veuille déjà prendre rendez-vous chez le médecin, alors qu'elle venait tout juste de lui annoncer la nouvelle, comme s'ils n'en avaient pas le temps ! Elle ne lui avait même pas laissé le temps de digérer la nouvelle, de comprendre vraiment ce que cela signifiait.... Mais elle n'avait jamais été très patiente d'un certain côté ; toujours pressée, toujours très impulsive... trop,  souvent. Ils auraient pu néanmoins s'occuper de tout cela demain. Ce n'était pas un jour près. Il y avait largement le temps, et puis ils n'allaient quand même appeler le docteur dès ce soir. C'était assurément fermé, les cabinets. Tout cela pour dire qu'elle était bien trop pressée à son goût... Il aurait voulu avoir le temps de pouvoir digérer tout cela, de pouvoir se faire vraiment à l'idée, de prendre son temps pour apprécier, pour analyser ce qu'il ressentait vraiment. Depuis qu'il la connaissait, il avait étrangement la volonté de prendre son temps en tout, quitte même à ralentir le temps de se dérouler... Elle ne pouvait cependant comprendre cette nécessité. Il ne répondit cependant rien, mais se contenta de poser un regard interrogatif sur son visage avant de hocher lentement a tête. Il n'était pas certain qu'elle attendait une réponse à vrai dire. Aussi ne répondit-il rien...

« Il est là.... Le bébé... Il est là, même si il n'y a pas encore de biberons à donner ou de couches à changer. Moi je le sais, je le sens . »

Il tourna la tête quelques secondes et l'observant avec attention. Elle semblait contrariée, mais il ne savait tout bonnement pas pourquoi. S'inquiétait-elle pour le bébé ? Cela ne pouvait venir de lui en tous les cas car il n'avait rien dit de mal. Il n'avait rien dit contre le fait qu'elle pouvait le sentir... C'était même très beau d'ailleurs, pouvoir savoir qu'il était là, à grandir en soi ; être conscient de son existence. Il ouvrit la bouche pour tenter de la rassurer mais avant qu'il ait pu dire quoique ce soit, elle avait parlé... A vrai dire, elle aurait pu très bien s'adresser à elle-même. C'était vrai qu'elle était la seule à vraiment pouvoir le sentir... D'ailleurs, c'était pour cela en partie – en-dehors du fait que c'était une habitude et tout naturel de faire ce geste – qu'il avait posé une main sur son ventre ; comme pour être plus proche, essayer de le sentir aussi et peut-être... Peut-être pour donner plus de réalité à quelque chose qui lui semblait un rêve insaisissable. Cependant, il la sentait à moitié seulement présente sur ses genoux et ce n'était guère habituelle. D'habitude elle réagissait plus que cela au fait qu'il la prenne sur ses genoux, et bien qu'il n'en dit rien, il ne pouvait s'empêcher d'en être peiné. Il se contenta d'esquisser un sourire et de parcourir la liste de noms s'étalant sur l'annuaire, avec un regard égaré.

… Il ne la sentit qu'à peine descendre de ses genoux. Il se rendit compte qu'elle avait aussi prit l'annuaire après lui avoir indiqué un nom. Il avait à peine remarqué qu'elle était descendue de ses genoux, hormis que l'emplacement qu'elle venait de quitter était plus froid à présent. Et il se sentait plus seul... Il était toujours aussi perplexe. Il attendait toujours sur le canapé toujours, attendant qu'elle le rejoigne de nouveau car assurément elle allait revenir s'asseoir à côté de lui. Ce qu'il préférait, c'était toutes les soirées qu'ils passaient rien que tous les deux dans le salon, à discuter ou faire autre chose. Remus donnerait tout à présent pour qu'on ne lui enlève plus ces moments qui étaient devenus si importants pour lui. Il ne l'aurait jamais cru mais il semblait voler sur son petit nuage. Et bientôt ils seront trois... Sur ce même canapé. Avec quelqu'un entre eux deux. Ils ne seraient plus deux mais trois... Ils devraient aussi aménager une chambre en haut, à l'étage. Enfin, on verrait cela à partir de demain... Il y avait le temps contrairement à ce qu'elle pensait... Ils avaient six mois environ pour y réfléchir et aménager. A sa grande surprise, elle n'était pas encore revenue vers ici et il attendait toujours qu'elle revienne. Cela ne durait pas autant de temps pour ramener l'annuaire, non... ?! Il décida de l'appeler doucement...

« Dora ? Tu reviens ? » Mais elle ne sembla pas très consciente qu'il vienne de parler. Elle n'avait pas l'air de réagir en tous les cas... Elle était peut-être fatiguée. Il s’inquiéta aussi. Elle devrait se reposer beaucoup dans les mois à venir, non ? Ce serait mieux... Il y veillerait en tous les cas. Quitte à s'allonger avec elle aussi pour qu'elle reste en place. Soudain envahi de nouveau de cet instinct de protection qu'il ressentait depuis le début avec elle, il se leva et s'approchant d'elle dans le dos, il vint l'enfermer dans ses bras avant de déposer un baiser sur sa tempe. « Qu'y a t-il ? Tu t'inquiètes pour le bébé, c'est ça ? Si c'est pour cela, ne t'inquiète pas … Je suis certain qu'il est en très bonne santé. Il n'arrivera rien. On ira voir le médecin, tu verras, je suis sûr qu'il dira que tout va bien », murmura t-il toujours le visage toujours enfoui contre ses cheveux et d'une voix un peu nouée. Il le fallait en tous les cas. Tout allait bien se passer oui. Un, il ne serait pas... Comme lui. Deux, il était en bonne santé, oui. Qui donc voulait-il convaincre en disant cela ? Plus elle, plus lui, ou bien les deux ? Bonne question... « Tu es peut-être fatiguée aussi ? » ajouta t-il, le ton compatissant et anxieux tout en relevant la tête mais sans relâcher son étreinte, comme s'il se raccrochait à sa propre vie. « Tu veux aller te reposer ? … Je viendrais te chercher quand le dîner sera prêt si tu veux... ».

… Enfin, si le repas n'était pas déjà préparé, hein ?