« Driiiiiiiiiiiiiiing »

Tendant le bras pour écraser le loquet du réveil, Hiroki l’éteignit avec force et renfonça sa tête dans ses cousins en grognant. La voix d’un petit personnage à l’intérieur d’un tableau résonna alors dans la pièce et remplaça la tonalité agressive du réveil matin. « Tu ne pourrais pas te contenter de jeter cet horrible objet par la fenêtre ?! », grommela le sujet d’art d’une voix fluette et qui s’empressa de quitter son cadre pour aller voir ailleurs s’il y était. Oui il s’était bel et bien adresser au jeune Yasashii parce que chaque matin c’était la même chose, le vieux réveil à l’ancien sonnait. Normal me direz-vous, mais ce réveil-ci avait une sonnerie particulièrement agaçante et il était effectivement difficile de se retenir de l’envoi embrasser le mur d’en face. Quoiqu’il en soit, revenons à nos moutons ou plutôt à Hiroki qui soupira et émergea d’entre les couvertures, s’étirant de tout son long comme un chat encore endormi. La luminosité d’un soleil encore timide traversa les vitres de la chambre et une journée ensoleillée semblait s’annoncer. Encore heureux qu’il allait faire beau aujourd’hui : Hiroki n’aurait pas eu la force de commencer sa première journée à Poudlard s’il avait plu comme une vache qui pisse. Non pas qu’il soit du genre capricieux au point de vivre selon ce que les nuages lui envoyaient mais il pleuvait déjà assez sur Tôkyô comme ça pour que ça continue ici. En effet, le jeune homme avait démarré ses années d’écoles de sorcellerie au Japon. Là-bas, les élèves de son école n’étaient pas comme qui dirait ses meilleurs amis et finalement changer d‘environnement ne se révélait pas une si mauvaise idée pour Hiroki. Avant les autres élèves appartenaient à une toute autre catégorie que la sienne : les filles et fils à papa, capricieux, susceptibles et plus qu’ennuyeux. Lui qui détestait tout le protocole des classes sociales supérieures, ces histoires de sang pur, les jacassements et potins dont les filles de là-bas se nourrissaient et les gars trop sûrs d’eux à cause de leur plus ou moins jolis minois ; il avait été servi ! En arrivant à Poudlard, Hiroki espérait sincèrement que les gens soient différents de ceux qu’il avait connu et pour l’instant ça avait l’air d’être le cas bien qu’il ne se soit pas encore fait d’amis. Voilà pourquoi le soleil se devait d’être au rendez-vous pour sa rentrée à Poudlard, il fallait bien quelque chose pour compenser le fait d‘arriver au milieu de l‘année.
Le jeune homme s’assit sur le bord de son lit et ébouriffa ses cheveux déjà en bataille. Ses paumettes étaient encore rougies par la chaleur de ses draps et il frotta ses yeux ensommeillés. Le réveil affichait sept heures deux minutes et, tandis que ses camarades de chambre s‘éveillaient aussi peu à peu, Hiroki entreprit alors de se préparer. Il élit une chemise blanche, un pantalon noir et un pull en chandail où était cousu les armoiries de Gryffondor, vêtements qui composaient l’uniforme de l’école. Il ajusta sa cravate aux couleurs écarlate et or, couleurs de la maison qui l’avait recueilli et enfila une paire de chaussures noir uni ainsi que sa robe de sorcier. Il descendit dans la salle commune ou quelques élèves attendaient des amis. Il avait enfin l’occasion d’observer cette salle de plus près, hier elle était bien trop bondée de monde pour qu’il ait pu la découvrir entièrement. Alors qu’il observait la grande cheminée dans le coin gauche de la salle, un grognement en provenance de son ventre lui rappela qu’il était affamé et il se décida à aller casser la croûte. Il se mit en chemin afin de trouver la Grande Salle, lieu qu’il appréciait déjà pour l’activité principale qu’elle offrait, c’est-à-dire manger.
Après s’être perdu pendant au moins dix minutes, le jeune Yasashii s’assit enfin à la table des Gryffondor et entreprit avec entrain de remplir son assiette. Puis, tout en entamant son premier toast, il se mit à regarder tout autour de lui. Cette salle était vraiment immense et elle semblait tellement irréelle avec son magnifique plafond magique. Il s'y perdit un instant. Mais son ventre le rappela à l'ordre et il entreprit de continuer en engouffrer comme il se doit le contenu de son assiette.
Si Hiroki n’avait pas été un enquiquineur et un bavard, il aurait pu engloutir son petit déjeuner seul et sans bruit. Or il est bel et bien les deux en même temps ce qui implique qu’il cherche quelqu’un (une victime ?) pour entamer la causette. Son regard de prédateur se posa alors sur une jolie jeune femme assise elle aussi devant une assiette - bien moins remplie que la sienne soit dit en passant. Elle était la seule personne qui mangeait seule comme lui et il est toujours plus facile d’aborder quelqu’un de seul qu’une bande de copains. Ainsi, plus vite qu’une tornade il vint s’asseoir à côté de la demoiselle avec son assiette et avec une expression joyeuse sur le visage et son accent japonais, il s’exclama :

« Bonjour, je peux m’asseoir à côté de toi ? »

Et n’attendant pas la réponse de la jeune femme, il continua sur sa lancée.

« Je m’appelle Hiroki et j’suis nouveau ici. Enchanté. »

Il prononça le dernier mot avec un large sourire avant d‘enfourner une madeleine toute entière.

« Je m’appelle Hiroki et j’suis nouveau ici. Enchanté. »

Quand le jeune homme s’était adressé à sa nouvelle victime, celle-ci s’était retournée rapidement et l’avait regardé d’un air surpris mais timide. Ah, il devait être tombé sur une jeune demoiselle qui n’avait pas l’habitude qu’on s’adresse à elle de cette manière spontanée. En même temps, qui pouvait bien être habitué à se faire aborder comme l’avait fait Hiroki. Il était du genre à entamer directement la conversation, sans préambule, de façon naturelle. Une technique d’approche qui peut très bien plaire comme elle peut être désagréable pour certaines personnes. En vérité, il était bien trop naïf pour se soucier de ce genre d’effets et par conséquent, il abordait presque toujours les gens de cette façon. Espérons seulement que sa nouvelle et toute première victime dans cette école fasse plutôt partie de ceux à qui ça ne dérangeait pas d’être abordé par un japonais expatrié et un peu foufou. En attendant la réponse de sa nouvelle connaissance, le jeune Yasashii prit le temps de l’observer discrètement. Elle avait une belle chevelure blonde qui lui tombait sur les épaules et chatoyait légèrement avec la luminosité du soleil matinal qui traversait les grands carreaux de la salle. Ses yeux, d’une très belle couleur qui mêlait le bleu et le vert, le regardait, elle paraissait intriguée mais finit par répondre.

« Je m’appelle Kathleen. Tu es de Gryffondor ? »

Kathleen était un très joli prénom. Hiroki le répéta une fois, puis deux, pour voir s’il savait le prononcer correctement et pour ne pas l’accrocher quand il s’adresserait à elle, parce qu’après tout, la langue anglaise était difficile à articuler pour lui qui venait du pays de Soleil Levant. Il avala une nouvelle madeleine, absorbant par la même occasion un nombre incalculable de calories à la minute. C’est que c’était carrément bon ces petites choses-là ! Après quelques secondes durant lesquelles il savoura le petit biscuit, il posa de nouveau ses yeux sur la jeune Poufsouffle en face de lui. Son visage clair se colorait de rouge pâle sur le dessus de ses pommettes. Hiroki en vérité n’y fit pas réellement attention. Il n’était pas quelqu’un de très timide, bien au contraire, et rougir chez lui n’était pas vraiment une réaction courante à moins qu’il ne se trouve en face de la personne qu’il aime. Donc, ne prétant pas vraiment attention à la légère rougeur qui colorait les joues de la demoiselle, il répondit à sa question avec un naturel plutôt décontenançant vu qu’il venait s’asseoir à la table des Poufsouffles.

« Oui, j’ai été envoyé à Gryffondor par le Chapeau-qui-parle. Et toi tu dois être une Poufeussoufleuh. (oui ce mot-ci était particulièrement difficile à prononcer pour le jeune homme) Mais je ne comprends pas vraiment la différence qu’il y a entre les quatre maisons. »

Puis, tout en finissant sa phrase, il fit la mou, sa petite bouille était celle de celui qui essayait de chercher la signification de quelque chose. Et croyez bien qu’avec sa petite gueule d’ange ça donnait quelque chose de vraiment très mignon. On aurait presque dit un chat. Il regarda la demoiselle dans les yeux, cherchant dans ces beaux saphirs un indice qui lui indiquerait si elle était disposée à lui expliquer cette différence qui planait entre chacune des maisons. Il engloutit sa énième madeleine et continua à fixer Kathleen avec ses jolis yeux interrogateurs.