Loïc && Narcissa

Spoiler:

Rester sans cesse au Manoir et l'arpenter, attendant sagement que son mari rentre -s'il le fait encore...-, ça n'a rien de passionnant. C'est pourquoi cette après-midi là, où la solitude était venue me rendre visite une nouvelle fois, j'avais décidé de sortir. Me changer les idées? Pas vraiment, qui donc est capable de se changer les idées en une période pareille? Qui que ce soit, ça ne peut durer bien longtemps, de toute façon. Emmitouflée dans mon manteau, je prends quelques pièces avant de transplaner au Chemin de Traverse. Il n'y a pas beaucoup d'agitation mais tout de même, il n'est peut être pas très bon que je m'y fasse voir seule. Question d'étiquette mais aussi de femme, il suffit d'une attaque, que je me trouve au mauvais endroit au moment, et on décidera de porter les crimes en partie sur moi. Les Malefoy n'ont pas vraiment besoin de ça, de ce genre de publicité gratuite, et surtout pas maintenant. Arpentant les ruelles d'une démarche assez rapide, je prends grand soin de ne croiser le regard de personne, mais conserve tout de même ma tête bien droite. Prenant une ruelle escarpée à la gauche du chemin, je m'enfonce peu à peu dans un des couloirs étroits de l'Allée des Embrumes, un lieu peu recommandable pour les âmes..Sensibles, dirons-nous.

J'évite soigneusement de croiser le chemin de personnes tout aussi déplaisantes et peu recommandables, une vague expression de dégoût peinte sur mon visage, puis je m'engouffre rapidement chez Barjow et Beurk. Je salue rapidement le gérant d'un signe de tête puis et me mets à constater qu'au final, je ne suis pas là pour acheter quoi que ce soit, sinon pour passer le temps et espérer que la journée se déroule ainsi un peu moins lentement. J'observe rapidement quelques objets, restant prudente, on ne sait jamais à quoi s'attendre avec ce genre d'objets. Le Manoir en regorge positivement, et chacun réserve bien des surprises à celui ou celle qui n'est pas habitué de ce genre de petits ustensiles. Restée non loin de la porte de sortie et d'entrée, je suis sortie de mon observation par un jeune homme qui me fait face, et qui se présente sous le nom de Loïc Turner. Loïc...Ah, mais oui! C'est l'un des amis les plus proches et les plus fidèles de Drago. Je jette un coup d’œil au chat dans sa cage puis à sa main, que je ne tarde pas à serrer avant de lui adresser un sourire poli.

- Moi de même. Drago m'a beaucoup parlé de vous, en vérité. C'est lui qui se charge de votre..«instruction» si j'ai bien compris, n'est-ce pas?

En effet, Drago m'avait déjà parlé d'un de ses amis qui souhaitait devenir mangemort à tout prix, même si déjà enfant, il n'avait pas reçu toutes les leçons nécessaires à cela. Est-ce une bonne chose, ou non? Je ne sais pas, le rang de mangemort est bien souvent convoité, pour devenir un choix regretté au final. Devenir mangemort, c'est en quelque sorte se priver de sa liberté, et ne vivre non plus pour nous mais plus que par un autre homme. Homme que certains n'ont vu que lorsque la marque des Ténèbres leur était attribuée. Drago par exemple, à défaut d'avoir toujours souhaité être considéré comme l'égal de son père, je sais que s'il assume entièrement son rôle à présent, malgré tout ce qu'il dit, l'apparente assurance qu'il dégage, il n'a jamais voulu tout ça. Mais, comment une personne saine d'esprit voudrait cela, être enchaînée jusqu'à la fin de sa vie, à un destin tout tracé, et où l'on ne vous a jamais demandé votre avis?

Lucius n'aura pas à me reprocher d'être sortie aujourd'hui; du moins je l'espère, même si je doute bien qu'un acte tout à fait singulier va comme toujours déboucher sur une énième dispute de notre part. C'est toujours comme ça: ça part d'un tout petit incident, et ça finit enfin par prendre des dimensions disproportionnelles. Pour aujourd'hui, il trouvera peut être à redire que je nous expose trop. Mais je ne veux pas passer mes journées enfermée dans ce Manoir sinistre! Si encore je n'étais pas seule. Mais non, il n'est que peu souvent au Manoir. Et quand il l'est, c'est en compagnie de sa bouteille de Whisky, et il ne veut celle de personne d'autre. Ou alors en vadrouille, près du maître, occupé à des réunions où de toute manière, il ne récupère aucun honneur. La plupart du temps, c'est même pire. Je ne comprends pas lorsqu'il me dit que je m'expose ainsi. Je ne vais quand même pas vivre en fonction des autres. J'accepte le fait que le Manoir devienne en très peu de temps le QG de Voldemort et de ses fidèles, je ne vois pas de quoi il se plaint exactement. Enfin d'un autre côté, ce n'est pas comme si nous avions le choix...

Je suis la personne qui doit le connaitre le mieux sur cette Terre, et pourtant je peine à le reconnaitre désormais. Même s'il prétend ne pas avoir changé, être toujours le même, moi je vois bien que c'est faux. Et malheureusement, l'alcool n'en est pas le seul fautif. Si seulement il avait accepté qu'on l'aide, qu'on l'épaule ou qu'on lui donne des conseils. Mais non, c'est une vraie tête de mule. Un peu comme Drago. Sauf que Drago lui, sait accepter ses frayeurs avec moi. Je pourrai lui acheter quelque chose d'ailleurs tiens, même si cette partie n'est pas réellement faite pour offrir et faire plaisir, à moins d'être sadique ou sanguinaire par nature, et se retrouver avec un tas de potions ou d'objets tous plus dangereux les uns que les autres. Ce n'est pas pour rien que Drago n'a eu le droit d'y pénétrer que depuis l'année dernière. Sortant de mes pensées, je finis par tomber sur Loïc, élève de Poudlard si je comprends bien, et je ne mets pas longtemps avant de comprendre que c'est le Loïc dont m'a parlé Drago à quelques reprises. Je souris un peu en voyant son chat, les ayant toujours préférés aux hiboux ou rats, puis je relève le regard vers lui. Oh, curieux ? J'hausse un peu les épaules.

- Je ne le sais pas moi-même. Peut être vérifier si les objets de mon mari ont été vendus.

Je me mords la langue face à mon relâchement. Parler de ça alors qu'il est encore un inconnu à mes yeux! Je me racle la gorge avant de faire mine d'être intéressée par un étalage juste à côté. Il faut que je fasse attention à nos arrières. Même si je ne peux plus gérer la noblesse de notre famille à présent, autant quand même veiller à ne pas attirer l'attention sur nous pour rien. Même si le fait qu'il se trouve ici et qu'il semble s'entendre si bien avec mon fils prouve qu'il ne fait pas partie de l'autre camp.

Je le regardai et pinçai mes lèvres lorsqu’indéniablement, mon mari entra dans la conversation. Non évidemment, même si Lucius était certainement au sujet de toutes les discussions en ce moment, sa réplique ne pouvait qu’être liée au fait que Lucius a de tous temps aimé collectionner des objets maléfiques et emplis de magie noire. Après tout, c’est moi qui venait de lui dire, et il semblait l’ignorer jusqu’alors ; ce qui n’était pas une si mauvaise chose que cela, au fond. L’alcool, même s’il est souvent associé à mon mari ces temps-ci, ce n’est pas quelque chose qui a pu arriver jusqu’aux oreilles de ce jeune homme. Drago n’est pas comme ça, à étaler ses problèmes ou ce qui le tiraille aux autres ; c’est peut être moi, à force de me ronger les sangs à la moindre occasion, à essayer de protéger ma famille plus que tout et à veiller systématiquement sur nos arrières, que je commence à croire n’importe quoi, quitte à frôler la paranoïa. Il faut que je me calme, le Maître ou même mes «deux hommes» n’aimeraient pas que j’adopte une attitude pareille. Il ne manquerait plus que je divulgue des informations sans le vouloir, en proie à la panique ou à la frustration. Là encore, ça allait que ce soit quelqu’un de notre camp qui se trouve en face de moi. Sang impur ou même ennemi, membre de l’Ordre, je ne lui aurai pas donné la peine de me dire ce qu’il faisait dans un endroit comme celui-ci, j’aurai soit passé mon chemin en l’ignorant superbement, ou peut être, essayer de lui subtiliser quelques informations à son insu ? Je ne fais pas partie de ceux qui ne jurent que par la vengeance, le sang, ou «Amenez-les tout de suite au repère». Evidemment que je protègerai ma famille et je n’hésiterai pas à user de sortilèges pour les défendre en cas de situation difficile, mais…Je ne suis pas mangemorte. Et c’est beaucoup mieux ainsi. Je ne supporterai pas toute la pression qui pèse sur les épaules de mon mari, fils, ma sœur. J’ai déjà assez à faire avec la mienne, aussi. Je n’imagine pas dans quel état je serais si j’étais à tout jamais liée à un homme (…un monstre oui !) sans pouvoir rien y faire.

- Oui, merci…Ce n’est pas le genre de choses que l’on aime ébruiter. Surtout en ce qui nous concerne. Rajoutais-je à voix basse. Il est vrai que les Malefoy souffraient suffisamment d’une mauvaise éthique en ce moment sans avoir besoin de crier aux quatre vents et sur tous les toits les déboires du passé, ou bien le côté noir de notre famille…Ce qui est le plus noir encore que toute l’obscurité qui nous entoure. Mais bref. Je n’aime pas montrer mes faiblesses, encore moins ce qui m’atteint. C’est pourquoi me reprenant, je jetai un regard empreint de dégoût et de méchanceté à la personne qui nous observait. Un né-moldu, ou un jeune éclaireur inconscient envoyé par tous ces crétins de l’ordre ? Préférant ne pas m’attarder dans l’entrée, je fis volte face et m’avançai dans les étalages, avant de tourner le visage à nouveau vers ce Loic Turner, prenant un objet dans ma main presque comme par automatisme. Heureusement pour moi, ce n’était pas une main de la gloire. Mais je suis tellement habituée à ce genre d’objets, qu’à la longue, je ne me fais pas prendre.

- Et vous, que faites-vous ici ?

Le jeune chaton qu’il tenait ne provenait certainement pas de Barjow & Beurk. Il n’y a jamais eu d’animaux ici, si ce n’est des serpents ou des araignées en tous genres. Par mesure de sécurité le gérant a été contraint de les retirer du marché, chose bien dommage d’ailleurs, ils étaient tellement pratiques une fois ensorcelés, contre ceux que l’on ne porte pas dans son cœur…